Depuis le début de la pandémie, de nombreuses arnaques liées à la COVID-19 ont été signalées. Or, entre le 6 mars 2020 et le 31 janvier 2021, le Canada a enregistré 11 502 signalements de fraude liée à la COVID-19 et 9797 victimes de fraude liée à la COVID-19. Également, les pertes financières attribuables à la fraude liée à la COVID-19 s’élèvent à environ 7 M $.
Imitation des services
De nombreux fraudeurs et arnaqueurs tentent d’imiter les véritables services du gouvernement fédéral pour avoir accès à vos renseignements personnels et financiers. « C’est mon fils de 17 ans qui a été victime d’une fraude liée à la PCU. C’est lorsqu’il a reçu un T4 par la poste qu’on a appris la mauvaise nouvelle. Le problème, c’est qu’il est aux études aux États-Unis jusqu’en juin, ce qui rend la tâche plus complexe », nous fait savoir Dominique Roy, maman d’un jeune Témiscamien victime de la fraude liée à la PCU.
Des fausses identités
L’Agence de la consommation en matière financière du Canada avertit les Canadiens d’être très prudents lorsqu’ils reçoivent des courriels ou des messages texte qui semblent provenir d’une institution financière qui leur demande des renseignements personnels ou financiers. « J’étais très surpris de recevoir une lettre dans ma boite postale indiquant le changement de dépôt. Or, je ne recevais plus rien sur mon compte chèque », indique un habitant de Laverlochère-Angliers, Alexis Gingras.
Il faut s’armer de patience
Plusieurs appels frauduleux qui semblent provenir d’une institution financière et c’est pourquoi le centre canadien pour la cybersécurité offre des conseils pour être en cybersécurité durant la pandémie de COVID-19.
« Le T4 reçu ne mentionnait que le montant lié à la fraude. Il ne mentionnait aucun numéro de téléphone ni aucun site Web pour joindre qui que ce soit. C’est en faisant une recherche sur le Web qu’on a trouvé un numéro pour joindre l’Agence de revenu du Canada. L’attente peut être longue, mais avec chance, j’ai parlé rapidement avec un monsieur qui a sécurisé le dossier en ligne de mon fils qui a été victime d’un vol d’identité », explique Mme Roy.
« Il m’a donné les sept numéros de téléphone où on doit appeler pour poursuivre les démarches liées à la fraude et au vol d’identité : celui de l’institution financière, de la police locale, d’Équifax , de TransUnion, du Centre anti-fraude du Canada, de Service Canada pour le département du Numéro d’assurance sociale et un autre pour l’annulation du T4 », ajoute-t-elle.
« J’avais appelé environs 30 fois et patienté des attentes de trois heures lorsque je tentais rejoindre les centres chargés de faire le suivi des plaintes liées à la fraude de la COVID-19. Quelquefois, la ligne raccroche automatiquement après trois heures d’attente et donc je devais recomposer le numéro de nouveau et tenter ma chance de rejoindre un agent au bout du fil », exprime monsieur Gingras.
La machine administrative est lourde
Le gouvernement du Canada investit 3 millions $ pour lutter contre les renseignements faux et trompeurs à propos de la COVID-19, mais la machine bureaucratique et la procédure administrative rendent le processus très lent.
« Il y a des étapes qu’on ne peut pas faire, même si notre fils est mineur. Il faut que ce soit lui qui appelle et là, c’est compliqué, parce qu’il est aux États-Unis jusqu’en juin. Il n’a pas toute la paperasse avec lui ni l’historique de toutes les démarches. Il faut donc coordonner le tout : lui qui est au téléphone avec un agent et avec nous sur FaceTime en même temps, pour qu’on puisse l’aider.
« Il est à l’école toute la journée alors trouver ce bon moment est complexe puisque ça ne veut pas dire qu’il va obtenir la ligne au moment planifié en fonction de nos horaires (école pour lui et travail pour nous). Il y a un endroit où on a appelé et que le message enregistré disait d’aller vérifier sur le site Web. Et quand on vérifiait sur le site Web, on nous disait d’appeler au numéro où on venait tout juste d’appeler. Réussir à trouver un autre numéro fut long et complexe », indique la maman de la jeune victime.
Vaut mieux prévenir
« Ce que je déplore, c’est la façon dont toute cette PCU fut distribuée. Pour le gouvernement du Canada, ça pressait de donner de l’argent. L’argent a été remis à qui bon en faisait la demande. S’il y avait eu un minimum de vérification, ils auraient vu rapidement que mon fils n’était pas admissible à la PCU. Donc, avec un système de vérification mis en place, bien des maux de tête auraient été évités pour nous, pour bien d’autres parents et pour le gouvernement ». poursuit-elle.
« Notre fils nous a partagé le reportage d’un père de famille qui est dans la même situation que nous puisque son adolescente fut victime de fraude et de vol d’identité. Il a déjà 10 heures d’investies dans les démarches et il n’a pas terminé. On sait donc qu’on n’est pas sortis du bois, surtout avec le fait qu’on ne peut pas faire toutes les démarches pour Jérémie, même s’il est mineur et qu’il est hors du pays. Je souhaite bon courage à toutes les personnes victimes de fraude parce qu’elles devront s’armer de patience pour traverser toutes les étapes », précise-t-elle.
SOURCE – La Presse canadienne / Moulay Hicham Mouatadid, Initiative de journalisme local