Les pourvoiries, affectées par les restrictions qui ont empêché leurs clients étrangers de venir au pays, se tournent vers l’écotourisme.

Plusieurs ont diversifié leurs offres: elles proposent leurs services pour l’observation de la faune ou la randonnée, pour maintenir leur entreprise en vie au cours de la pandémie.

La Fédération canadienne des associations de pourvoiries dit que plusieurs de ses membres ont ouvert leurs installations pour les Canadiens voulant profiter de la vie extérieure et observer la faune, sans pratiquer la chasse.

Certaines pourvoiries proposent aussi des guides pour de longues randonnées à cheval, en raquettes ou en motoneige.

L’absence des chasseurs américains semble avoir profité aux populations fauniques. Par exemple: des pourvoiries disent avoir observé des centaines, voire des milliers, d’ours de plus sur leur territoire.

Le président de la Fédération, Dominic Dugré, souligne que les répercussions de la COVID-19 ont été désastreuses pour le secteur de la chasse au pays. Le Québec s’en est mieux tiré, car la chasse y est plus pratiquée par la population locale.

Il signale que certaines pourvoiries, qui dépendaient des chasseurs étrangers, « ont perdu 99 % de leur clientèle ».

L’aide fédérale, notamment les subventions salariales, est venue au secours des pourvoiries. Plusieurs ont opté pour l’écotourisme pour survivre, accueillant le nombre croissant de Canadiens qui se sont tournés vers le plein air pendant la pandémie.

« La tendance est à la diversification immédiate à cause de la COVID-19. Plusieurs pourvoiries ont ouvert leurs installations à la population. De plus en plus de pourvoiries offrent des services de guide pour l’observation de la faune. Les chasseurs ne sont plus les mêmes. On voit plus de femmes et plus de familles pratiquer la chasse et la pêche », dit M. Dugré.

Selon Scott Ellis, le vice-président de la Fédération canadienne des associations de pourvoiries, croit, la clientèle étrangère a dégringolé d’entre 75 % à 85 % au pays depuis le début de la pandémie.

La ministre fédérale du Développement économique, Gudie Hutchings, mentionne que les pourvoiries desservant une clientèle américaine et européenne ont été « complément décimées » l’an dernier.

Le gouvernement a pu leur venir en aide par l’entremise de divers programmes, notamment la Subvention salariale d’urgence. Certains de ces programmes ont été prolongés.

Mike McIntosh, le fondateur de Bear With Us, un organisme ontarien qui soigne des oursons orphelins ou des ours blessés, craint de voir les chasseurs canadiens tués plus de bêtes que les Américains.

La majorité des provinces ne permettent qu’une seule prise par chasseur. Celle-ci doit être signalée. Au Québec, il est permis à un chasseur d’abattre deux ours noirs, un au printemps et l’autre dans certaines zones à l’automne.

M. McIntosh ne partage pas l’avis de certaines pourvoiries sur la population des ours. « La COVID n’a pas influencé le nombre d’ours en Ontario. Il y a autant de bêtes tuées, sinon plus, par les chasseurs locaux qui ont commencé à pratiquer le sport pendant la pandémie », dit-il.

Le ministère des Ressources humaines de l’Ontario a reporté à 2022 son recensement des ours noirs de son territoire à cause de la pandémie.

Scott Ellis dit ne pas avoir remarqué une grande hausse de la population estimée à 180 000 ours en Colombie-Britannique. « [Toutefois] dans certains secteurs, si on a 2200 clients sans guide, on aura 2200 ours de plus. »

SOURCE – Marie Woolf, La Presse canadienne