Connaissez-vous un aîné souffrant de démence ou de la maladie d’Alzheimer? À cette question, bon nombre de gens répondront « oui » en pensant à leur grand-mère, leur époux, leur beau-père, leur frère, leur soeur… Au Canada, ils sont 564 000 à être atteints d’une maladie cognitive et il ne s’agit là que des cas diagnostiqués en bonne et due forme. Plusieurs autres continuent à mener leur vie comme ils l’ont toujours fait et, même si leurs défaillances sont de plus en plus fréquentes, préfèrent ne pas y penser, par honte ou par peur.
Afin de préparer les francophones à faire face à cette réalité, le Centre communautaire régional de London (CCRL) a offert, le 2 mai dernier, une présentation sur les diverses formes de démence affectant les personnes du 3e âge. Lorraine Paré, bénévole à la Société Alzheimer, et Rae Belcourt, facilitatrice en réhabilitation au Dale Brain Injury Services, ont passé plus d’une heure en compagnie d’une dizaine de membres de la communauté pour leur communiquer l’information essentielle à ce propos. Les participants en avaient eux-mêmes long à dire en fonction de leurs expériences avec des proches.
Appréhender la démence est un processus qui demande d’abord d’admettre l’existence d’un problème rendu évident par la confusion et les comportements erratiques d’une personne. Le diagnostique constitue la seconde étape et il sera d’autant plus utile s’il est précoce. Une discussion franche avec la famille doit ensuite avoir lieu pour que tous soient préparés aux mesures à prendre, à la suite de quoi une dynamique doit s’établir entre le malade et ses proches pour assurer à tout le monde une vie aussi commode et enrichissante que possible.
La démence ne se résume pas qu’à la perte de mémoire : les troubles langagiers, la difficulté à résoudre des problèmes, le manque de coordination visuo-spatiale, etc., font aussi partie du portrait. Ces nuances dans les symptômes trouvent leur origine dans les parties du cerveau qui sont touchées par la maladie et qui varient d’un individu à l’autre. Quant aux causes, elles ne sont pas encore complètement expliquées mais résideraient dans la génétique, le vieillissement et l’état de santé générale.
Quels sont les dix signes à surveiller pour déceler si quelqu’un est aux prises avec la maladie d’Alzheimer? Il s’agit de la perte de mémoire affectant les habiletés usuelles, de la difficulté à exécuter des tâches familières, des troubles du langage, de la désorientation dans le temps et l’espace, du jugement amoindri, de la difficulté par rapport aux notions abstraites, des objets égarés fréquemment ou rangés dans des lieux inappropriés, des changements d’humeur ou de comportement, des changements de personnalité et de la perte d’intérêt.
Tous les symptômes ne seront pas nécessairement présents chez une personne. Qui plus est, ces signes avant-coureurs peuvent avoir d’autres causes que la maladie d’Alzheimer et c’est pourquoi il est important de consulter un médecin aussitôt que possible.
Mmes Paré et Belcourt ont évoqué quelques aspects d’un mode de vie sain susceptible d’éloigner le spectre de la démence : alimentation saine, exercice, vie sociale, port d’un casque protecteur pour certaines activités physiques, etc. Lorsque la maladie frappe malgré tout, c’est l’entourage de la personne atteinte qui doit apprendre à l’aider en la traitant avec dignité, en respectant son autonomie, en soutenant ses capacités plutôt qu’en mettant l’accent sur les symptômes, en l’aidant à mener une vie active, etc.
Les deux présentatrices ont également invité l’assistance à réfléchir à ce que serait une « communauté d’amis de la santé cognitive », en d’autres mots, une société agencée pour être plus compréhensive, inclusive, encourageante, aidante et valorisante pour les aînés atteints de démence.
« On ne peut pas les guérir mais on peut les engager d’une manière ou une autre », a commenté Lorraine Paré. De son côté, Rae Belcourt a fait l’analogie avec la sensibilisation aux maladies mentales : « C’est le temps de faire la même chose avec les maladies cognitives : si on réduit les stigmas, les gens vont se sentir plus acceptés et n’auront plus peur de sortir dans la communauté ».
Se préparer collectivement est donc aussi important que de se préparer individuellement et, avec le vieillissement de la population, les présentations comme celle donnée au CCRL se feront sans doute plus fréquentes.
PHOTO : Les francophones de London étaient invités à mieux comprendre la maladie d’Alzheimer et les problèmes de démence afin de les prévenir et d’aider ceux qui en sont atteints.