Les expositions au Musée de London se focalisent habituellement sur l’art. Il arrive cependant que des questions sociales ou de nature historique soient aussi à l’ordre du jour. C’est le cas avec Difficult Terrain, en montre jusqu’au 15 septembre prochain.
Axée sur les préjugés, la discrimination et l’oppression, cette exposition lève le voile sur les attitudes négatives et les idées reçues à l’endroit des minorités : Noirs, Autochtones, personnes handicapées, asiatiques, etc. Elle consiste en des objets de toutes sortes rassemblés pour donner un visuel aussi déconcertant que gênant. Ces photos, bibelots, jeux et emballages commerciaux d’une autre époque étaient empreints des stéréotypes de leur temps. Sans le savoir, souvent à des fins naïvement humoristiques, leurs concepteurs ne faisaient que perpétuer les divisions artificielles et les sources de conflit qui existaient au sein de la population.
Ainsi en est-il, par exemple, des « blackfaces », ces personnifications des Noirs américains par des Anglo-Saxons ou des innombrables produits commerciaux empruntant à l’imaginaire cru des Occidentaux en ce qui se rapporte aux cultures des Premières Nations, des Arabes, des Chinois ou autres; ou encore aux interactions avec les handicapés physiques ou mentaux, réduits à l’état d’attractions ou maltraités par manque de connaissances médicales adéquates.
Les résidents de London ont jadis été indifférents ou silencieux face à ce genre de chose. Aujourd’hui, ils prennent la parole pour dénoncer ces incongruités. Les visiteurs de l’exposition pourront ainsi lire les commentaires de cinq personnes aux origines et aux parcours différents confiant leurs impressions quant à la signification et à l’impact que ce type d’objets a eu sur la société.
Qui plus est, le Musée de London a récemment fait l’acquisition de quelques oeuvres contemporaines d’artistes autochtones et les présente jusqu’au 15 septembre à quelques pas de la salle où se trouve Difficult Terrain.
Intitulée Noongom Ullumi Anohc Anichiish Non:wa Today, c’est-à-dire « aujourd’hui » en différentes langues autochtones, l’exposition rappelle que les Premières Nations ne sont pas figées dans le passé et sont au contraire parties prenantes de la modernité et y contribuent à leur façon. En d’autres mots, ces oeuvres contribuent elles aussi à faire tomber les préjugés.
PHOTO : Le « blackface » était une forme de divertissement courant.