Il allait de soi que le Carrefour des femmes tienne une activité soulignant la Journée internationale de la Femme et c’est le samedi 9 mars, à London, que l’organisme conviait les participantes à se réunir pour un après-midi partagé entre la réflexion et le divertissement.

Au chapitre de la dimension festive de cette activité, le Carrefour avait d’abord au programme une brève séance de Zumba, question de briser la glace. Un dîner a permis aux participantes de se sustenter et de bavarder avant qu’une danse ne donne l’occasion à toutes de dépenser à nouveau leur énergie. Pour conclure, un karaoke a permis aux plus courageuses de tester leur talent en matière de chant.

Mais la partie la plus enrichissante de la journée était sans conteste la discussion qui, sous le thème « Égalité ou équité? », a soulevé les passions. « Ça fait plusieurs décennies que les femmes se battent pour l’égalité. Mais, ces dernières années, c’est en train de changer avec la notion d’intersectionnalité et des voix se sont élevées pour que l’on parle d’équité », explique Émilie Crakondji, directrice générale du Carrefour des femmes.

En effet, l’égalité, bien qu’ayant permis d’incontestables avancées, demeure un concept abstrait qui ne prend guère en compte la complexité des relations sociales. À des besoins spécifiques devraient parfois être offertes des réponses qui ne se basent pas tant sur l’égalité dans les moyens d’intervention que sur l’équité dans les fins recherchées. Cette grille d’analyse des rapports sociaux nommée « intersectionnalité » prend ainsi en compte l’ensemble des caractéristiques d’une personne dans la définition de ses besoins. En ce qui concerne les politiques s’adressant aux femmes, par exemple, des distinctions seront faites quant à leur classe sociale, leur ethnicité, leur orientation sexuelle, leur niveau d’éducation, etc., permettant de répondre avec plus d’efficacité à leurs problèmes et donc avec plus d’équité.

Mme Crakondji a succinctement initié son auditoire à cette façon d’aborder les questions de société et l’a ensuite invité à s’exprimer sur le sujet. Des positions contradictoires ayant autant de mérites n’ont pas tardé à faire jour et les unes et les autres ont débattu des limites à donner à l’intersectionnalité et à ses applications pratiques. Une autre solution à opposer aux injustices fut aussi abordée : celle d’éliminer les causes mêmes qui les engendrent, en supprimant certaines définitions ou obstacles réglementaires plutôt que de tenter de les améliorer.

« C’est un début de conversation qui reste ouverte », commente Émilie Crakondji et, en effet, il y en aurait beaucoup plus à dire sur le sujet. C’est la raison pour laquelle s’est rapidement imposée l’idée de mettre sur pied, au cours des prochains mois, un forum sur ce thème afin de l’approfondir dans un cadre plus formel.

PHOTO : La discussion sur l’équité a fortement intéressé les participantes.