Une grande salle sur un des étages de la Bibliothèque de référence de Toronto. Un public nombreux est assis sur les tables qui y sont installées. Tous les regards se sont tournés vers une scène qui trône au fond de la pièce. C’est là que quatre auteurs ontariens sont venus chercher leurs récompenses, le jeudi 21 juin lors de la 31e édition du gala du Prix littéraire Trillium. Deux lauréats anglophones sont récompensés, et deux francophones : Sylvie Bérard pour le prix de poésie, Aurélie Resch pour le prix littéraire. Un événement marquant, pour la littérature de la province : ces prix prestigieux représentent beaucoup de choses, pour les auteurs.

Il y a d’abord de l’émotion. Recevoir un prix, cela veut dire que le jury qui l’a décerné « a pris autant de soin à lire le livre que moi à l’écrire », dit Sylvie Bérard. Surtout, « écrire, c’est une activité assez solitaire. Les événements publics sont importants, ils nous sortent un peu de notre isolement ». Et puis une récompense permet de « faire connaître » les ouvrages, poursuit l’auteure d’Oubliez, son premier recueil de poésie, tourné autour de l’oubli et primé le 21 juin. L’enseignante à l’Université Trent, qui écrit beaucoup de science-fiction, en a déjà eu la preuve : une de ses voisines de Peterborough, qui ne parle pourtant pas le français, l’a appelée pour la féliciter d’être en lice pour le prix.

Pour Aurélie Resch, le prix est d’abord « une reconnaissance de ses pairs ». En lisant, puis en appréciant un ouvrage, le jury donne son avis. Et c’est plutôt rare : en général, « on n’a pas de retour, en tant qu’écrivain », explique l’auteure torontoise, récompensée pour son dixième ouvrage, Sous le soleil de midi, dix-huit nouvelles montrant comment « plus la température augmente, plus l’humain a du mal à domestiquer ses instincts ». C’est comme si le jury disait : « Tout ce que tu fais, ça tient la route, continue dans cette direction-là », poursuit celle qui est aussi journaliste et réalisatrice. Recevoir un avis positif sur son travail sert donc des « objectifs professionnels ».

Le but de cette récompense, justement, est « d’aider les auteurs à trouver de nouvelles audiences », explique Karen Thorne-Stone, présidente-directrice générale de la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario, qui administre le prix. Au total, 75 000 $ ont été répartis entre les lauréats, leurs éditeurs et les finalistes. Mais l’idée, au fond, est de « célébrer » les auteurs. La soirée du 21 juin a été une manière de les mettre à l’honneur. Les prix qui s’afficheront sur les couvertures de leurs ouvrages aussi.

 

SOURCE: Nicolas Hasson-Fauré

PHOTO: Un public nombreux est venu assister au gala de remise des prix, jeudi 21 juin.