Le mardi 15 mai, des élèves de l’École élémentaire Marie-Curie ont eu la chance de s’initier à un univers peu connu : la composition musicale. Plusieurs, jeunes comme adultes, ont pour passe-temps de jouer d’un instrument ou de chanter, imitant en cela les artistes du monde de la musique avec lesquels le public est le plus familier. Mais qu’en est-il des compositeurs? C’est ce que les élèves ont découvert en rencontrant un de ces travailleurs de l’ombre, François-Hugues Leclair, et en participant à la création d’une oeuvre collective.

La Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) est à l’origine de cette initiative. L’organisme a pour mandat de faire connaître les compositeurs d’aujourd’hui, en particulier ceux qui ont des attaches canadiennes. Depuis une vingtaine d’années, la SMCQ dispose d’un volet jeunesse destiné aux écoles afin d’initier les jeunes à la musique contemporaine. Le dernier programme en date, « Chantons nos compositeurs d’est en ouest », en est à sa première édition et il consiste à sélectionner quatre écoles pour leur faire vivre des activités axées sur la musique dont la visite d’un compositeur constitue l’événement central.

La sélection de l’école Marie-Curie doit en grande partie être créditée à l’enseignante Hélène Lussier qui, pendant plusieurs années, a collaboré avec la SMCQ pour que ses élèves bénéficient de son volet jeunesse. Elle était également la responsable sur le terrain de l’activité du 15 mai. « On vit une expérience musicale, quelque chose qui va être unique », commente-t-elle.

C’est, pour des raisons acoustiques, à l’église St. Aidan que les jeunes ont été rassemblés. Accompagnée par une pianiste professionnelle, la classe de 4e année de Mme Lussier a donné le coup d’envoi de cette activité en chantant l’œuvre Au regard des solstices, de François-Hugues Leclair, devant trois autres classes du cycle moyen. Cette pièce d’environ cinq minutes a pour paroles des traductions françaises de haïkus, un type de poème d’origine japonaise, et est constituée de quatre canons musicaux, chacun inspiré d’une saison. Il s’agit d’une pièce cyclique, c’est-à-dire qu’elle peut-être jouée en commençant par n’importe quel canon, généralement celui de la saison en cours.

Pourquoi M. Leclair, davantage qu’un autre, a-t-il été sollicité par la SMCQ pour participer à ce projet? « C’est un compositeur qui a beaucoup écrit pour chœur et qui a déjà travaillé avec des enfants », explique Claire Cavanagh, chargée de projets en éducation et formation à la SMCQ. Immédiatement après la prestation des élèves d’Hélène Lussier, les jeunes ont d’ailleurs eu l’occasion de poser des questions à François-Hugues Leclair. « Ça rend l’expérience humaine, pour les enfants, de mettre un visage sur celui qui a composé la musique », commente Mme Cavanagh. Qui plus est, cette activité s’inscrivait dans l’approche utilisée par l’école Marie-Curie pour faire découvrir des choix de carrière et qui consiste à inviter des professionnels afin qu’ils parlent de leur métier.

Les jeunes n’ont pas été contraints au rôle de spectateurs puisqu’ils ont pu participer à la création d’une oeuvre musicale. En effet, en amont de la journée tant attendue, les élèves de 5e et 6e années avaient d’abord eu pour tâche d’écrire des haïkus. Puis, M. Leclair leur a montré comment il procédait pour composer en mettant un de ces courts poèmes en musique. Les élèves de 4, 5 et 6e années ont ensuite été invités à chanter cette nouvelle pièce et à jouer d’instruments. Cet exercice faisait la part belle à l’improvisation et les jeunes ont beaucoup appris tout en s’amusant.

Cette activité, comme les autres promues par la SMCQ, a intéressé de près les élèves. « Ils sont curieux : ça ouvre leur monde et leur fait découvrir autre chose que ce qu’ils écoutent déjà », observe Hélène Lussier. Ce fut également une excellente façon de valoriser la francophonie.

De son côté, François-Hugues Leclair se dit impressionné par la bonne écoute et la patience dans l’interprétation dont ont fait preuve les élèves de Marie-Curie. « Ce qui les a beaucoup démarqués, ce sont les interludes instrumentaux, explique-t-il. Ils ont pris le temps entre chaque saison pour faire les transitions. » Chaque canon d’Au regard des solstices était en effet accompagné de percussions symbolisant la saison.

Quant à l’atelier de composition, il s’agissait d’une première expérience du genre pour M. Leclair. « En général, je travaille avec un étudiant à la fois! », relate le compositeur qui s’est retrouvé à London avec un groupe de 90 enfants. Tout s’est néanmoins très bien passé et, en échangeant avec eux, François-Hugues Leclair a mis en musique le haïku suivant : « La promenade fraîche / Hautes montagnes, calmes et nobles / Je me sens libre ». Le rythme des mots et les impressions qui s’en dégagent ont été soigneusement soupesés par le groupe pour en dégager la musicalité appropriée.

La SMCQ est enthousiasmée par le projet « Chantons nos compositeurs d’est en ouest » qui permet à des jeunes de se mesurer à des pièces exigeantes mais formatrices. Mme Cavanagh souligne la bonne collaboration et le professionnalisme des enseignants qui contribuent au succès de ce programme original qui fera d’ailleurs l’objet d’un documentaire.

 

CRÉDIT PHOTO: SMCQ