En 2008, le village de Oil Springs, au sud-est de Sarnia, célébrait le 150e anniversaire de l’exploitation du premier puits de pétrole en Amérique du Nord. Un deuxième anniversaire non moins important sera célébré cette année : les 150 ans de Petrolia, une autre communauté devant son existence à l’or noir. C’est le 25 décembre 1866 que cette localité fut officiellement incorporée, alors que des dizaines de puits couvraient déjà son horizon.

En fait, à l’époque, Petrolia vola en quelque sorte la vedette à Oil Springs, dont le gisement commençait déjà à se faire moins généreux. Plusieurs pionniers du premier boom pétrolier déménagèrent dans ce nouveau village champignon afin de profiter de cette manne dont ils connaissaient bien la valeur et la manière de l’exploiter. Le petit village connut deux autres pics de production au cours de son histoire, l’un en 1898 et l’autre en 1938. Les travailleurs locaux, bien au fait des moindres détails de cette industrie, étaient souvent sollicités pour se rendre aux quatre coins du monde afin de former de nouveaux employés. 

Les premiers résidents de Petrolia étaient à ce point convaincus de l’importance du gisement qui se trouvait sous leurs pieds que, fait inhabituel, ils financèrent eux-mêmes la construction d’une voie ferrée. Être lié au chemin de fer Great Western, qui desservait le village de Wyoming quelques kilomètres plus au nord, était une étape de développement obligée pour une communauté qui ne pouvait plus se satisfaire de transporter son pétrole dans des citernes tirées par des chevaux. En huit mois, les bénéfices tirés de ce chemin de fer avaient couvert les coûts de sa construction. En 1903, une charmante station de briques rouges fut érigée. L’édifice existe toujours et abrite aujourd’hui la bibliothèque municipale. Quant à la ligne de chemin de fer, elle servit au transport de passagers jusqu’en 1931 et demeura en utilisation pour les marchandises jusque dans les années1960.

Cette voie ferrée a été démolie il y a 20 ans cette année. Mais la municipalité qu’elle a contribué à faire prospérer présente toujours ce cachet de village western, surtout sur Petrolia Line, l’avenue principale. L’été venu, à l’occasion d’une balade en auto, un petit détour dans ce coin de Lambton où grincent encore quelques antiques pompes à pétrole constitue une excellente occasion de découvrir cette part méconnue de l’histoire de l’Ontario.

 

Photo:  L’ancienne gare abrite, à l’heure actuelle, la bibliothèque municipale de Petrolia.