Celui qui était ministre des Transports avant le remaniement ministériel, Steven Del Duca, a annoncé le 15 janvier que le gouvernement de l’Ontario s’engageait à investir 170 millions $ pour le projet d’autobus à haut niveau de service de la ville de London. Le coût total de cette initiative se monte à au moins 500 millions $ dont 130 millions seront défrayés par la ville. Il est attendu que le gouvernement fédéral paiera la différence. Alors que les élections municipales auront lieu le 22 octobre prochain, il s’agit d’une bonne nouvelle pour le maire Matt Brown qui estime que l’aménagement du réseau se traduira par 270 millions $ en salaires.

Mais qu’est-ce qu’un réseau d’autobus à haut niveau de service? Il s’agit d’un système permettant une plus grande fréquence des passages d’autobus qui sont soustraits au trafic et, de manière générale, une économie de temps pour les usagers. Un réseau de ce type se caractérise par des voies réservées aux autobus, des stations d’embarquement où les utilisateurs payent avant de monter à bord et une flotte de véhicules permettant de plus courts intervalles entre les passages. Ainsi, à London, un autobus pourrait passer aux cinq minutes pendant les heures de pointe.

Baptisé Shift, le réseau de London s’étirera sur 24 kilomètres formant plus ou moins une croix sur la carte de la ville. Les extrémités de cette croix se trouveront, au nord, au centre commercial Masonville, au sud, au centre commercial White Oaks, à l’est, au collège Fanshawe et à l’ouest dans le secteur commercial au coin des rues Oxford et Wonderland. Le circuit sera sous-terrain sur une portion de 900 mètres sous la rue Richmond à partir du parc Victoria afin de permettre aux autobus de passer sous la voie ferrée. Il est prévu que les infrastructures du réseau seront complétées en 2027.

Le projet a son lot de critiques. Le coût exorbitant est au cœur du discours des détracteurs mais ce n’est pas le seul point en litige. L’idée de consacrer des voies aux autobus en fait tiquer plusieurs qui craignent que cela n’engendre de la congestion routière. Par exemple, sur la rue Richmond, deux des quatre voies actuelles seront monopolisées par le transport en commun. Il est difficile d’imaginer comment pareil changement ne fera pas refouler le trafic, surtout aux heures de pointe. Une autre solution serait d’élargir la rue mais cela nécessiterait des expropriations aussi coûteuses que controversées. Dans ce cas comme dans d’autres, diverses options sont sur la table, les détails techniques du projet n’ayant pas encore été précisés.

Avec une population de près de 400 000 personnes, London est la plus grande ville canadienne sans système rapide de transport en commun. Seul un réseau conventionnel d’autobus existe pour offrir aux résidents une alternative publique à l’automobile alors que d’autres villes de taille comparable disposent déjà d’un pareil réseau ou d’un train léger. Qui plus est, avec les 50 000 étudiants postsecondaires présents sur son territoire, London dispose d’un bassin de consommateurs assurés pour ce service, sans compter tous les autres que le système d’autobus à haut niveau de service finira par séduire.

Le temps dira si le projet sera couronné de succès et s’il fera taire les critiques. Avec près d’une décennie à attendre pour en voir l’achèvement, il faudra cependant s’armer de patience.

 

PHOTO: Le transport en commun n’est assuré pour l’instant que par un réseau conventionnel d’autobus.