Le Carrefour des femmes tenait son assemblée générale annuelle (AGA) le jeudi 21 septembre. Ce fut l’occasion, pour l’organisme, d’interagir avec la communauté et de répondre aux questions de l’assistance mais aussi, et surtout, de faire une grande annonce. En effet, le Carrefour a entrepris d’établir à London une maison d’hébergement pour femmes francophones en situation problématique.
C’est Nicole Buteau, présidente du conseil d’administration (CA), qui en a fait l’annonce. Cette initiative fut motivée par le fait que la résidence francophone la plus proche est à Toronto. Outre que cela représente une grande distance à parcourir pour les résidentes du Sud-Ouest, cette maison d’hébergement fonctionne aujourd’hui à capacité. En termes d’offre de services, il y a donc place à l’amélioration pour que les femmes de langue française du sud de la province ne soient pas obligées de se tourner vers les établissements anglophones. Qui plus est, London constituerait un emplacement stratégique considérant la croissance du nombre de francophones dans la région et le fait que la ville est un relais dans le trafic humain à des fins de prostitution.
Un environnement où le français est de mise sera plus accueillant et chaleureux pour ces femmes, dont certaines auraient autrement besoin d’un interprète, ce qui n’est pas l’idéal en situation de crise. Cette résidence desservirait un grand territoire s’étirant de Windsor à Owen Sound. Dans la foulée de la création d’un ministère des Affaires francophones et à l’approche des élections provinciales, le CA et la direction générale du Carrefour des femmes jugent que le temps est propice pour initier ce projet.
Un comité initial composé de Nicole Buteau, Spéciose Mukakamanzi et Anne Toth a été créé pour promouvoir ce projet. L’AGA constituait l’occasion idéale pour inviter les participantes à se joindre à ce comité et Rita Giroux-Patience s’est aussitôt portée volontaire. Le comité estime qu’il pourrait s’écouler jusqu’à six ans avant que cette maison d’hébergement n’ouvre ses portes. Personne n’étant obligé de s’engager dans ce projet pendant aussi longtemps, la composition du comité changera sans doute au fil du temps et toutes sont encouragées à faire leur part.
L’AGA, présidée par Julie Chalykoff, ne s’est cependant pas réduite à cette annonce, aussi importante soit-elle. Le comptable Roch Brazeau a présenté les états financiers et il n’avait que de bons mots pour la gestion de l’organisme. Les élections ont porté au CA Lisette Walker, Charlotte Legault-Hull, Spéciose Mukakamanzi, Roxanne Metcalfe, Anne Toth, Renée Singirankabo et Nicole Buteau. Le rapport d’activités de la direction générale a également été adopté : l’assistance a pu constater que le Carrefour des femmes a participé, au cours de la dernière année, à 113 réunions et activités de développement communautaire, a sensibilisé le public à 37 reprises avec des ateliers, conférences et autres, a reçu 119 usagères en consultation individuelle, a effectué 55 accompagnements, etc.
L’AGA fut aussi l’occasion pour la directrice générale, Émilie Crakondji, de faire une présentation interactive résumant la réalité vécue par les victimes d’agressions sexuelles. L’assistance était invitée à répondre aux questions et à dresser un portrait détaillé et parfois méconnu des crimes de ce type, pointant entre autres la vulnérabilité des aînées en résidence, la grande proportion d’agressions perpétrées par une connaissance de la victime, la variété de besoins socioéconomiques auxquels elle peut faire face, etc.
C’est avec un brin de musique que l’AGA s’est conclue. Le Carrefour des femmes entreprend à présent une nouvelle année avec en mains un projet rassembleur.
PHOTO : L’organisme a fait connaître ses intentions au cours de son assemblée générale annuelle.