Il y a des francophones partout en Ontario. Même à Exeter, une petite municipalité rurale à 45 minutes au nord-ouest de London. En tout cas, c’est là que Claudette Léger y mène une retraite active après avoir fait carrière dans l’enseignement. Et à Exeter comme partout ailleurs, elle se livre à un véritable travail de moine pour faire aimer la langue française, conversation après conversation, couplet après couplet.
Son temps se partage en effet, entre autres occupations, entre des sessions de tutorat dans la langue de Molière et une chorale où elle a récemment réussi à mettre une touche francophone dans le répertoire prévu pour les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération. Le South Huron Community Choir, dont Mme Léger fait partie, donnait un concert à l’église Trivitt Memorial Anglican le 6 mai dernier et le public a pu découvrir, lors de cette soirée, quelques chansons traditionnelles canadiennes-françaises.
Ce n’était pas la première fois que Claudette Léger suggérait d’inclure des titres en français dans les prestations de la chorale et l’occasion s’est présentée à nouveau en janvier dernier. Elle a alors fourni une liste de chansons au directeur musical, Richard Heinzle, un Alsacien polyglotte bien au fait des traditions musicales d’ici et d’ailleurs et qui s’appuie souvent sur Mme Léger pour insuffler un peu de francophonie dans cet ensemble très anglophone. « C’était l’excuse idéale : on fête le 150e, on ne peut pas se permettre de ne pas chanter l’Ô Canada en français. Et le reste a suivi », confie Mme Léger.
Le « reste » a en effet suivi. Outre l’hymne canadien, dont le premier couplet fut offert au public dans la langue de son auteur, Adolphe-Basile Routhier, un pot-pourri bilingue a inclus quatre autres titres : J’entends le moulin, Partons la mer est belle, À la claire fontaine et Un chant canadien. Qui plus est, la soliste invitée, Katherine Napiwotzki, a interprété J’ai cueilli la belle rose et Ah! Si mon moine voulait danser. Malgré les réticences initiales des membres de la chorale qui trouvaient que c’était trop difficile de chanter en français, tous ont finalement passé un bon moment à s’initier à cet univers musical, tout comme le public d’ailleurs.
Claudette Léger a l’habitude des projets artistiques dans lesquels elle s’efforce de faire vivre sa langue maternelle. « J’ai toujours le goût du français et j’essaie d’en convaincre d’autres », souligne-t-elle. Mme Léger espère qu’une chorale francophone puisse voir le jour à London, ville qu’elle connaît bien pour y avoir enseigné pendant des années dans les écoles d’immersion et à l’École élémentaire Marie-Curie, à l’époque où celle-ci portait le nom de la princesse Alexandra.
Quoi qu’il en soit, à London comme à Exeter, Claudette Léger représente bien cet esprit d’initiative par lequel le fait français continue d’exister en Ontario.
Photo : le South Huron Community Choir et son public ont découvert les traditions musicales du Canada français.