Sur la rue Vidal Sud se déploient les entreprises industrielles qui ont fait la renommée et la prospérité de Sarnia. En fait, en termes de prospérité, bien qu’il est vrai que ces usines soient au cœur de l’économie de la ville, celle-ci a connu comme ailleurs des hauts et des bas ces dernières années. C’est pourquoi l’arrivée de BioAmber dans le paysage économique local est saluée comme une excellente nouvelle non seulement à Sarnia mais également par les autres communautés des environs.
L’usine que la multinationale BioAmber entend mettre en opération à Sarnia, au 1265, rue Vidal Sud, produira de l’acide succinique bio-sourcé, utilisé dans la fabrication des polymères, des résines, de certains produits pharmaceutiques, etc., mais aussi comme composant alimentaire. Cet acide, à l’état naturel, se trouve en effet en petite quantité dans la plupart des fruits et légumes. Dans l’industrie alimentaire, l’acide succinique est employé comme agent de conservation et exhausteur de goût. Étonnamment, il peut être produit à partir du pétrole mais BioAmber, par un procédé exclusif de fermentation et de transformation, se sert plutôt de matières premières issues des activités agricoles et de l’exploitation forestière. Cette alternative, en plus d’être écologique, fait diminuer les coûts de production et donne un acide succinique plus pur.
C’est à ce chapitre que seront mises à contribution les communautés rurales de la région. Les comtés de Lambton et Middlesex sont, sur une grande partie de leur superficie, occupés par des fermes qui pourvoiront BioAmber en résidu de cultures. Ce sont notamment le maïs, le soya et le blé qui seront ainsi mis à contribution. Après la centaine d’ouvriers qui s’affairent présentement sur le site de construction de l’usine, celle-ci représentera donc ensuite une source de revenus pour plusieurs agriculteurs locaux, sans compter les 60 employés permanents qui y travailleront lorsqu’elle démarrera ses opérations. Débuté à la fin de l’année dernière au coût de 135 millions de dollars, la construction de l’usine va bon train et devrait être se terminée au début de 2015.
Une bonne affaire donc, pour Sarnia et les municipalités voisines, mais aussi pour BioAmber dont l’arrivée en Ontario n’a rien de fortuit. C’est jusqu’à récemment en France que l’entreprise produisait son acide succinique bio-sourcé, mais Sarnia représentait une occasion de réaliser des économies d’échelle et d’avoir accès à des matières premières et à des services publics à moindre coût. La nouvelle usine, la première de BioAmber en Amérique du Nord, sera assez importante pour affronter le marché mondial.
Fondé en 2008, BioAmber s’inscrit dans le créneau écologique de plus en plus prisé par les entreprises. Dans le domaine de la « chimie renouvelable », pour reprendre les mots la multinationale, BioAmber veut se positionner comme chef de file, notamment en accroissant sa capacité de production dans le monde et en misant sur l’innovation.
Sarnia n’accueille donc pas simplement une nouvelle usine mais une entreprise qui représente bien la reconfiguration de l’économie et des technologies destinée à faire un meilleur emploi des ressources naturelles. En cela, BioAmber est non seulement bien de son époque mais a déjà un pied dans le futur.
Photo : Les travaux de construction seront terminés au début de 2015.