Le 6 juin dernier, de nombreux pays occidentaux commémoraient le 70e anniversaire du débarquement de Normandie, une opération militaire majeure qui devait permettre de libérer la France de l’occupation nazie. Puis, le 28 juillet, les mêmes pays soulignaient le 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale. 2014 est donc une année marquée au sceau du souvenir en ce qui touche l’histoire militaire. Ceux qui visiteront Ottawa cet été pourront en cette occasion passer quelques heures au gigantesque Musée de la guerre. Autrement, le musée du Régiment royal canadien (RRC) peut aussi s’avérer intéressant pour ceux qui veulent en apprendre davantage sur la participation du Canada aux grands conflits mondiaux sans quitter London, une ville ayant elle-même un passé militaire important.

Situé au coin des rues Oxford et Elizabeth, dans l’aile ouest du hall Wolseley, le musée est ouvert du mardi au dimanche. L’histoire militaire canadienne du XIXe siècle à nos jours est explorée par le biais d’artéfacts, de reconstitutions, de photos et de la documentation explicative. Le passé du RRC et ses hauts faits d’arme depuis sa création le 21 décembre 1883 y sont mis à l’honneur. C’est d’abord son implication dans l’écrasement de la rébellion du Nord-Ouest en 1885 qui est raconté puis, chose méconnue, son rôle dans le maintien de l’ordre public au Yukon lors de la ruée vers l’or en 1898-1899.

Le premier engagement outre-mer du RRC fut sa participation à un conflit controversé, la Guerre des Boers, qui s’est déroulée au sud du continent africain de 1899 à 1902. Environ 8000 Canadiens s’engagèrent pour combattre dans cette guerre coloniale au côté de la Grande-Bretagne qui devait se solder par la conquête de deux petites républiques agraires indépendantes. L’exposition donne une bonne idée de l’atmosphère et du milieu dans lequel ont évolué les soldats.

Le XXe siècle devait cependant s’avérer beaucoup plus tumultueux. Après avoir passé les 13 premiers mois de la Première Guerre mondiale aux Bermudes pour y prendre la relève d’un régiment britannique partit combattre en Europe, le RRC prit à son tour le chemin des tranchées. On trouve dans le musée des objets illustrant les forces armées canadiennes mais aussi les autres belligérants. Les armes de toutes sortes y occupent évidemment une grande place mais pas au point de rendre l’exposition redondante. La diversité des artéfacts et la façon dont ils sont disposés dans le musée, notamment par le biais de reconstitutions, crée un environnement où il est intéressant de déambuler.

La Seconde Guerre mondiale occupe une place toute particulière dans l’histoire du RRC. Mobilisé dès 1939, le RRC devra cependant attendre quelques années avant d’être déployé sur le terrain. C’est néanmoins avec éclat qu’il participa finalement aux opérations en Italie. On l’oublie parfois mais c’est en Sicile que les Alliés reprirent pied en Europe occidentale à partir de juillet 1943. Faisant partie de la 1re division canadienne, le débarquement de Pachino fut la seule opération amphibie à laquelle le RRC participa pendant la guerre. Il fallu attendre près d’un an et demi pour que la péninsule italienne, à force de combats acharnés, soit entièrement libérée par les forces alliées. Plus de 80 % des pertes humaines que subit le RRC pendant la Seconde Guerre mondiale se produisirent en sol italien. C’est également pour ses exploits au cours de la campagne d’Italie qu’il se vit attribuer 25 de ses 57 honneurs de bataille. On appelle « honneur de bataille » le privilège accordé par un gouvernement à une unité militaire d’inscrire le nom d’une opération à laquelle elle a participé sur ses couleurs, c’est-à-dire ses drapeaux ou encore sur d’autres objets qui la symbolisent. Le RRC participa à d’autres batailles d’importance, notamment aux Pays-Bas, où le mérite des soldats canadiens est toujours célébré avec émotion.

La Guerre de Corée constitue une autre étape marquante dans l’histoire du Régiment royal canadien, à la suite de quoi la période contemporaine, avec laquelle les visiteurs sont plus familiers, retrace notamment les opérations de paix, leurs raisons et leur nature. Comme quoi, après plus de 130 années d’existence, cette vénérable institution continue de servir les Canadiens et de se distinguer à l’étranger.

Photo : La garde-robe et les médailles du RRC à travers les âges sont exposés dans le musée.