Tout le monde connaît le terme « jumbo », généralement utilisé pour vanter le format surdimensionné de certains produits alimentaires. Peu cependant connaisse l’origine de cette expression…
L’histoire débute en 1862, à la frontière de ce qui est aujourd’hui le Soudan et l’Érythrée. Un éléphanteau d’environ un an et demi est retrouvé après que sa mère eut été tuée par des chasseurs. L’Occident se passionne alors pour tout ce qui a un cachet exotique et le Jardin des plantes de Paris, un parc zoologique doublé d’un jardin botanique, fait l’acquisition du jeune animal. Seul éléphant en montre sur le sol européen, il s’attire aussitôt une grande célébrité au point où le zoo de Londres décide de se le procurer à son tour à l’été 1865.
C’est après avoir traversé la Manche que Jumbo reçu le nom sous lequel il devait entrer dans la légende. Qui décida de le nommer ainsi et quand exactement? On ne sait trop. Le mot jumbo est lui-même assez obscur et pourrait être une déformation du terme swahili « jambo » qui signifie « bonjour ». Quoi qu’il en soit, pendant plus de 15 ans, Jumbo fut une attraction majeure au zoo de Londres, son tempérament docile permettant même de le faire chevaucher par des enfants.
Or, s’il était tranquille le jour, Jumbo devenait agité et nerveux pendant la nuit au point où il pouvait être dangereux, d’autant plus qu’il avait atteint à ce moment sa taille d’adulte. Le zoo de Londres décida alors de s’en défaire et c’est l’entrepreneur de cirque Phineas T. Barnum qui s’en fit l’acquéreur pour 10 000 $. Au printemps 1882, pour la troisième fois de son existence, Jumbo monta à bord d’un bateau qui devait le conduire cette fois à New York.
Dès les premiers mois passés en sol américain, son nom devint un qualificatif pour désigner l’aspect massif d’une chose. Le public avait réservé un accueil enthousiaste pour ce phénomène de la nature et très vite, les journalistes et les commerçants commencèrent à utiliser l’adjectif jumbo. Des entreprises se servirent aussi de l’image du célèbre pachyderme pour mousser leurs ventes. Bref, Jumbo était une vedette qui drainait les foules lors des tournées du cirque, ça et là aux États-Unis et au Canada.
C’est à St. Thomas que Jumbo devait connaître sa fin malheureuse, le 15 septembre 1885 en fin de soirée. Après une prestation, alors qu’on le ramenait vers son wagon, il fut happé mortellement par un train de marchandises et expira dans les minutes qui suivirent sous le regard consterné de la foule qui s’était massée autour.
Un siècle plus tard, en 1985, un monument à la mémoire de Jumbo fut dévoilé sur la rue Talbot à St. Thomas. Ruby Copeman, 106 ans, était présente à la cérémonie : cette résidente de St. Thomas était le dernier témoin de l’accident ayant enlevé la vie au plus célèbre des éléphants.