À St. Thomas, une petite ville située à 15 minutes de route au sud de London, se trouve une galerie d’art aux accents celtiques dont les œuvres exposées interpellent l’imaginaire et stimulent l’envie de créer. Le Romantic Designs Artist Studio, où œuvrent ses propriétaires Sharon et Daniel Brassard, permet aux visiteurs de jeter un coup d’œil curieux aux peintures et sculptures en tous genres et même de s’initier à ces deux disciplines.

Comme beaucoup de gens, les Brassard se sont adonnés pendant longtemps à leur passion pour l’art en dilettante, dans leur temps libre. Pendant 20 ans, ils ont fréquenté les festivals touchant à la culture celtique pour y exposer et vendre leurs créations. Leur intérêt pour cette culture les avait aussi conduits à faire partie d’une troupe de danses traditionnelles et à collectionner les disques de musique irlandaise et écossaise. Au fil de leurs rencontres, nombreux étaient ceux qui leur conseillaient d’ouvrir leur propre galerie et Mme Brassard elle-même suggérait souvent à son époux de faire connaître ses œuvres.

Puis, un jour, l’occasion s’est présentée. Après avoir pris sa retraite de l’armée, l’heure était venue pour Daniel Brassard et son épouse de se consacrer à temps plein à l’exercice de leurs talents. C’est ainsi qu’il y a quatre ans, le couple ouvrait cette galerie à St. Thomas, une localité qu’ils apprécient beaucoup.

Daniel, originaire de Jonquière (Saguenay) au Québec, se focalise surtout sur la peinture et le dessin. Sharon, originaire de Brockville dans l’Est ontarien, se consacre principalement à la sculpture. L’un et l’autre sont cependant très polyvalents et font de tout avec tout. Utilisant des techniques et des matériaux aussi diversifiés que la pâte polymère, l’acrylique, le pastel, l’encre, le textile, la photographie, le verre, le papier et autres, ils confectionnent des œuvres qui empruntent à l’univers de la science-fiction, de la mythologie européenne, du folklore japonais, de la ruralité et de la nature. L’usage de matériaux recyclés leur permet aussi d’ajouter une touche d’originalité à leurs œuvres. Faisant peu d’abstrait, préférant les thématiques légères à celles plus sombres, leur collection est accessible et familiale.

Par quoi commence le processus de création? « Ça peut être une forme qui va amener une idée », estime M. Brassard, qui aime entre autres expérimenter les motifs d’entrelacs, typiques de l’art celte. Même son de cloche du côté de son épouse pour qui la matière à sculpter recèle déjà quelques contours qui viennent guider sa main. Leur approche fait la part belle à l’improvisation, les idées venant d’elle-mêmes. Les Brassard travaillent souvent ensemble, dans le petit atelier à l’arrière de leur galerie, se faisant des suggestions et des recommandations. Que ce soit pour des portraits à commission ou pour donner libre-cours à leur imagination, l’objectif demeure généralement le même : « On aime donner des sentiments aux gens, des sentiments joyeux et oniriques », confie Daniel Brassard.

Le couple s’est rencontré à London et a décidé de faire chemin commun au cœur du comté d’Elgin, une région champêtre où ils puisent parfois quelques idées qu’ils sont toujours prêts à prendre en note dans un calepin qui ne les quitte pas. Ils sont particulièrement heureux de leur choix quant au bâtiment qui loge leur galerie, commode et chaleureuse. Attenante à celle-ci se trouve un autre atelier qu’ils utilisent comme salle de classe, donnant des cours depuis deux ans à des groupes d’une douzaine de personnes. Le succès de ces formations d’un jour pour artistes en herbe ne se dément pas. Pour ne pas que les participants n’aient à s’agglutiner autour d’eux lorsqu’ils appuient leurs explications d’une démonstration, les Brassard se sont d’ailleurs dotés d’une caméra et d’un téléviseur qui permet de diffuser sur écran les menus détails de leur technique.

Bref, Sharon et Daniel Brassard forment un couple fort occupé, mais ils seraient bien les derniers à parler de fardeau! Parmi ceux qui rêvent de se vouer entièrement à leur passion pour les arts, bien peu feront le grand saut. L’heureux couple de St. Thomas a eu le bonheur de pouvoir aller jusqu’au bout de ce qui l’animait. Aujourd’hui, ils en font profiter les autres, dont des artisans en devenir qui rêveront sans doute de pouvoir un jour faire comme eux.