Yolande Melono

La traite des personnes, souvent qualifiée d’esclavage moderne, demeure une réalité alarmante au Canada, en particulier en Ontario. Ce phénomène, où des individus sont exploités à des fins diverses, constitue un enjeu majeur, d’autant plus que le pays est à la fois une destination et une zone de transit pour les trafiquants. Pour y faire face, les autorités canadiennes ont mis en place la Stratégie ontarienne de lutte contre la traite des personnes, qui se concentre sur la sensibilisation, la protection des victimes, l’intervention précoce, le soutien aux survivants et la responsabilisation des contrevenants.

La traite des personnes repose sur trois éléments : l’action, les moyens et les finalités. L’action inclut le recrutement, le transport et l’hébergement des victimes, tandis que les moyens sont variés : contrainte, menace, violence, fraude, tromperie ou abus de pouvoir. Les finalités incluent l’exploitation sexuelle, le travail forcé, le mariage forcé et l’enrôlement d’enfants soldats. En Ontario, ce fléau prend principalement la forme de travail forcé et d’exploitation sexuelle, touchant aussi bien les enfants que les adultes, mais certaines populations sont particulièrement vulnérables, notamment les personnes LGBTQ2, les jeunes marginalisés, les femmes et filles autochtones, et surtout les immigrants.

Les immigrants, en particulier, sont souvent victimes de travail forcé et de servitude. Chantal Fete, consultante au Carrefour des femmes du Sud-Ouest de l’Ontario (CFSOO), rappelle qu’un immigrant sous-payé, en deçà du salaire minimum de 17 $ de l’heure, devient une victime de la traite des personnes. Parfois, des membres de la famille peuvent retenir le salaire d’un enfant parrainé pour venir au Canada, une forme de servitude qui illustre une autre dimension de ce phénomène. De plus, les victimes de la traite subissent souvent un lavage de cerveau et sont attirées par des cadeaux avant de se retrouver sous l’emprise de leurs bourreaux, avec des conséquences graves sur leur bien-être mental, allant jusqu’à la démence.

Il est crucial, selon Chantal Fete, de briser le silence autour de la traite des personnes. « En en parlant, nous réduirons le nombre de victimes et de trafiquants », affirme-t-elle. La législation canadienne, notamment le Code criminel, encadre strictement la traite des personnes et prévoit des peines sévères pour les responsables. La Stratégie ontarienne de lutte contre la traite des personnes soutient les victimes et les survivants, et plusieurs initiatives de sensibilisation, comme celle organisée par le CFSOO, visent à mieux comprendre et prévenir ce phénomène.

C’est dans cette perspective qu’un atelier de formation a récemment été organisé afin d’outiller les participantes à mieux comprendre et prévenir ce phénomène. Pour Marie José Bindele, cette session a été une véritable révélation. « Il est important de prendre connaissance de l’existence de la traite des personnes. Ainsi, nous pourrons savoir que nous sommes utilisés et mieux prévenir les dangers. L’ignorance est un défaut », souligne-t-elle.

Aline Newport insiste, quant à elle, sur la nécessité de sensibiliser les jeunes, car ce sont eux qui peuvent devenir des proies. Ces sessions permettent aux participants de repérer les signes d’exploitation et de jouer un rôle clé dans la lutte contre ce fléau.

À la fin de l’atelier, chaque participante a reçu une carte-cadeau Tim Horton d’une valeur de 10 $, et toutes ont quitté l’événement avec la conviction qu’il est essentiel de parler ouvertement de ce sujet pour mieux le combattre, tout en découvrant des ressources telles que le CFSOO, qui offre un soutien précieux aux survivants de la traite des personnes.

Photo : Chantal Fete, consultante du CFSOO (Crédit : CFSOO)