Richard Caumartin
Le Collège Boréal, en partenariat avec le Réseau-femmes du Sud-Ouest, proposait un événement intitulé L’inclusion sur le lieu du travail, le 8 mars au Carrefour communautaire francophone de London (CCFL), dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. Le but de l’activité était de mettre en lumière des sujets importants liés à l’égalité des genres et à l’inclusion professionnelle.
Gladys Isimbi, du Collège Boréal, était la maîtresse de cérémonie. D’entrée de jeu, elle a parlé de l’importance de célébrer ce jour particulier pour les femmes de toutes origines.
« Le 8 mars est une journée pour honorer les réalisations, la persévérance et la force des femmes du monde entier. Qu’elles soient des leaders de diverses causes ou activités au quotidien dans leur communauté, les femmes continuent de nous inspirer par leur courage et leur détermination. Aujourd’hui, nous sommes rassemblées pour reconnaître les exploits extraordinaires de certaines de ces femmes en milieu de travail. Nous sommes ravies d’avoir une participation assez grande et remarquable de femmes émancipées, des leaders et défenseurs de l’égalité des sexes. »
Deux conférencières se sont adressées à l’auditoire : Carole Nkoa, vice-présidente du Centre-Sud-Ouest pour le Collège Boréal, et Sarita Addy, directrice du programme d’inclusion, d’équité, de diversité et de l’appartenance à l’Hôpital St. Joseph de London.
Mme Isimbi a présenté quatre invitées pour inspirer le changement : Manon Guillemette, gestionnaire de programme au CCFL, Edwidge Pierre et Deborah Forest, fondatrices du Lions SAS Club de London, et Amanda, une entrepreneure émergente.
Carole Nkoa a d’abord parlé de son parcours, à partir de son pays natal, le Cameroun, de ses débuts dans la communauté francophone de Toronto avec l’organisme Oasis Centre des femmes, où dit-elle « la trajectoire de ma vie a complètement changé ma prise de décisions », elle qui a vécu une relation abusive avec son conjoint à l’époque. Elle a beaucoup parlé de ses parents et plus particulièrement de sa mère caucasienne et française qui a quitté la France pour aller vivre au Cameroun avec son mari.
« Mes parents n’ont jamais fait de distinction entre une mère blanche et un père noir, raconte Mme Nkoa. Mais quand on allait chez ma grand-mère en Alsace, on nous appelait les petites nègres, mes trois sœurs et moi. Et ça, c’était dans les années 1980. Ma grand-mère alsacienne est une des personnes qui m’a grandement inspirée. Elle a connu la Deuxième Guerre mondiale et a toujours été en faveur de la paix. J’ai grandi dans une famille où les racines et les valeurs sont fortes, et où ma grand-mère a été surprise que ma mère épouse un Africain. Aujourd’hui ma mère a vécu plus de 42 ans au Cameroun et elle se considère comme une Camerounaise. Et ce sont les messages que j’ai conservés de ma famille, soit la tolérance est un exercice d’équité et de se voir égal à égal. Moi, c’est ce qui me mène chaque jour dans mon travail, dans ma vie, dans mes relations avec les gens, c’est la profondeur de ce qui nous lient et au-delà de nos différences. »
Une femme forte
Se considérant comme une femme forte et fière, c’est le message qu’elle a lancé ce jour-là. « Ma chance à moi est d’avoir grandi au sein d’un milieu où apprendre est la valeur numéro un. C’est se donner la possibilité dans la vie de toujours rester ouverte à apprendre. Parce que lorsque l’on apprend, on devient meilleur.
« J’ai eu une belle carrière parce que je suis une femme forte et que j’ai toujours continuer d’apprendre. Je dirige ma propre vie, et j’ai décidé dans le cours de cette carrière d’être une ambassadrice de la diversité, toujours dans une perspective d’apprentissage. Alors mon message pour vous mesdames est apprenez, car lorsqu’on apprend, on se rapproche de ce que nous avons envie d’être. Cela fait de nous des personnes actives », conclut-elle.
Un discours inspirant
Un discours qui en a inspiré plus d’une dans la salle communautaire. Cette allocution a été suivie de celle de Sarita Addy, originaire du Ghana. Elle a parlé de ses origines culturelles où la femme était destinée à être ménagère à la maison et à s’occuper des enfants, de son passage aux États-Unis où elle a vécu la discrimination et le racisme jusqu’à son arrivée au Canada.
« L’inclusion est la compréhension des valeurs coloniales africaines invisibles et comment nous pouvons être conscients de ces barrières invisibles, et comment, à notre façon, pouvons-nous éliminer ces obstacles », expliquait celle qui a écrit une thèse sur le sujet et l’Afrique.
Une alliée
Manon Guillemette a, pour sa part, indiqué que pour inspirer le changement, elle essaie chaque jour d’être une alliée pour les gens autour d’elle. Elle s’engage à dénoncer les actes de discrimination auxquelles elle sera témoin. « Tout le monde est égal, dit-elle aux femmes attentives. Si vous voulez motiver le changement, il faut que vous le fassiez vous-mêmes aussi. Il faut être inclusif et dire aux autres de l’être. »
Puis Amanda a raconté qu’elle se sert de ses talents de coiffeuse pour aider les femmes immigrantes à se sentir belles et bien dans leur peau. Finalement, les deux dernières intervenantes de la rencontre, Edwidge Pierre et Deborah Forest, ont raconté comment elles ont fondé le Lions SAS Club de London pour combler un manque de cours de natation et autres activités physiques en français dans la communauté.
Toutes les intervenantes ont reçu une plante en cadeau et la soirée s’est terminée avec un repas communautaire.
Photo : De gauche à droite : Edwige Pierre, Deborah Forest, Amanda, Gladys Isimbi, Carole Nkoa et Sarita Addy