Alexia Grousson
Au Canada, le 23 février est une journée dédiée à la sensibilisation de la traite des personnes. En plus de sensibiliser, elle a pour but de la prévenir par le biais d’actions concrètes et de la combattre.
C’est avec cet objectif que le Carrefour des femmes du Sud-ouest de l’Ontario (CFSOO) a organisé une conférence virtuelle sur le thème de l’exploitation sexuelle.
« Dans la province, la région du Sud-Ouest est une des zones les plus touchées du Canada, car nous sommes proches des États-Unis et nous avons beaucoup d’immigration. C’est donc très important que tout le monde soit informé que cela existe, ce que c’est et les formes qu’elle prend car un membre de notre entourage pourrait en être victime sans qu’il s’en rende compte », explique Chantal Fété, enseignante et membre du CFSOO.
L’expression « traite des personnes » est utilisée pour désigner le contrôle et l’exploitation d’une personne et peut prendre de nombreuses formes: le mariage forcé, l’exploitation sexuelle, le prélèvement d’organes et le travail forcé.
La traite des êtres humains se divise en trois étapes: un acte, un moyen et un but.
Les actes peuvent être le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes chez soi.
Le moyen est l’action concrète que la personne utilisera comme l’abus d’autorité ou de vulnérabilité, la violence, la contrainte, la rémunération, la tromperie ou des manœuvres frauduleuses. Et tout cela à des fins d’exploitation.
L’exploitation sexuelle
L’exploitation sexuelle est une activité criminelle clandestine où se cachent des milliers de visages anonymes : des enfants (70 % des victimes ont moins de 25 ans et l’âge moyen est de 13 ans), des femmes et hommes de nationalité étrangère ou canadienne (ici, 93 % des victimes sont des Canadiens).
« Bien que ce soit un défi de mesurer son ampleur en raison de sa nature clandestine, les chiffres démontrent que les deux tiers des cas signalés au Canada se produisent en Ontario. C’est un crime organisé en secret où il est très difficile de s’en sortir car les personnes se victimisent. Nous devons agir ensemble en passant par l’éducation de nos proches, la sensibilisation, l’autoanalyse et le soutien aux victimes », ajoute Mme Fété.
En Ontario, l’exploitation sexuelle débute souvent par le recrutement de personnes aux arrêts d’autobus, dans les centres commerciaux, sur les réseaux sociaux et les sites internet, etc. Les trafiquants utilisent en particulier la manipulation en créant un lien de confiance avec leurs victimes. Par exemple, un trafiquant peut se faire passer pour son petit ami, l’amadouer et rendre la victime dépendante. Une fois la confiance établie, il exigera des faveurs sexuelles.
Il y a des signes visibles lorsqu’une personne est en train d’être manipulée ou contrôlée. Souvent elle se met en retrait de ses proches, s’absente souvent de l’école, n’est plus honnête sur ses emplois du temps et activités, etc. Elle peut aussi avoir des signes physiques d’agression telles des marques sur le corps.
« L’exploitation sexuelle et la traite des personnes existent réellement autour de nous. Ce n’est pas une blague. C’est souvent un sujet tabou car les personnes ont peur ou ont honte. Il faut briser la glace, bien écouter ses proches et réagir rapidement », conclut Chantal Fété.
Le Carrefour des femmes est l’aide francophone concernant l’exploitation sexuelle pour le Sud-Ouest ontarien. Pour plus d’information : 519 858 0954 ou le site https://carrefourfemmes. on.ca.
Photo : Chantal Fété, enseignante et membre de la CFSOO