Les écrans devraient être utilisés en éducation uniquement lorsqu’ils sont le meilleur outil pour enseigner la matière, estime l’auteur principal du tout premier rapport international pour combattre la sédentarité des enfants et des jeunes à l’école.
Leur utilisation doit être justifiée et servir un objectif pédagogique en améliorant l’apprentissage par rapport à d’autres méthodes, explique-t-on, et ils doivent stimuler l’activité mentale ou physique au lieu d’être utilisés à des fins d’apprentissage passif.
« On sait déjà que les élèves qui passent moins de temps dans les comportements sédentaires, donc qui sont en meilleure santé physique et mentale en général, sont meilleurs à l’école que les élèves qui sont tout le temps dans les comportements sédentaires, en particulier les élèves qui passent beaucoup de temps devant les écrans », a rappelé le professeur Travis Saunders, de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.
Intitulé International School-Related Sedentary Behaviour Recommendations for Children and Youth, le rapport prévient que la sédentarité des jeunes, qui atteignait déjà des niveaux inquiétants, a été exacerbée durant la pandémie de COVID-19 par les restrictions sanitaires qui les ont privés de leurs activités physiques et sportives.
En revanche, les activités sédentaires, c’est-à-dire le temps d’éveil consacré à des activités en position assise ou allongée, et qui consomment donc très peu d’énergie, ont commencé à prendre de plus en plus de place.
Si l’Organisation mondiale de la Santé et des pays comme le Canada avaient déjà élaboré des lignes directrices en vue de réduire les effets néfastes de la sédentarité sur la santé, ce rapport serait le tout premier à formuler des recommandations factuelles s’appliquant expressément à la sédentarité dans un cadre scolaire (en classe et pendant les devoirs).
Les écrans peuvent parfois être de bons outils pour enseigner, a reconnu le professeur Saunders, qui souligne que les deux tiers du temps passé à l’école est du temps « sédentaire », et ils peuvent être utiles lors de travaux d’équipe, mais « ces recommandations vont aider (les enseignants) à utiliser ces outils d’une manière utile pour leurs étudiants, et à minimiser les méfaits ».
De manière très concrète, le document recommande de prioriser les interactions en personne par rapport à l’utilisation des écrans et d’éviter de faire des écrans la méthode « par défaut » par laquelle on fournit du contenu aux jeunes ou par laquelle on gère la classe.
« S’il y a un écran dans la salle de classe, il devrait être utilisé parce que c’est le meilleur outil pour enseigner aux élèves et non seulement pour divertir les élèves, a dit M. Saunders. On sait que les écrans vont être dans la salle de classe, mais on sait aussi que les élèves canadiens passent déjà beaucoup, beaucoup de temps devant les écrans. Alors, si on utilise un écran à l’école, ça doit être pour apprendre et non seulement pour divertir. »
Le rapport recommande de limiter le temps d’utilisation des appareils, en particulier pour les élèves de 5 à 11 ans. On décourage aussi le multitâche des médias dans la salle de classe et en faisant ses devoirs. On suggère de plus d’éviter les devoirs à l’écran dans l’heure qui précède le coucher.
On suggère aussi que des périodes d’activités physiques libres ou dirigées viennent entrecouper les périodes sédentaires à l’école.
Les auteurs du rapport suggèrent une période d’activité physique au moins toutes les 30 minutes pour les 5-11 ans, et au moins toutes les heures pour les 12-18 ans.
Limiter les devoirs
Le rapport contient des informations et des conseils à l’intention des élèves, du personnel enseignant et de l’administration scolaire; des responsables politiques; des parents, tutrices et tuteurs; du personnel soignant; et des médecins et d’autres personnes travaillant dans le système de la santé pour promouvoir la santé et le mieux-être des élèves, a-t-on indiqué par voie de communiqué.
Au chapitre des devoirs, les chercheurs recommandent 10 minutes de devoirs par soir par année scolaire (10 minutes de devoirs en 1re année, 60 en 6e année) afin de dégager du temps que les jeunes pourront consacrer à des activités physiques. Et même s’il est probablement utopique de penser que les jeunes profiteraient de tout ce temps libre pour faire du sport, « s’ils ont trop de devoirs, ils n’ont même pas la possibilité de faire autre chose », a souligné M. Saunders.
Le rapport a été publié par le Sedentary Behaviour Research Network, en association avec l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard et l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario.
Sur internet:
https://www.sedentarybehaviour.org/school-related-sedentary-behaviou
Source : La Presse canadienne