« Je cherche des services pour le petit depuis deux ans », raconte Jasmine Maynard de London. Chercher et se battre avec le système fait désormais partie du quotidien de la mère de Théo, un enfant de 6 ans qui, atteint d’autisme, a besoin de services spécialisés. Or, les services en français sont une rareté pour les jeunes autistes ontariens et les obstacles administratifs pour les obtenir sont nombreux.

Il ne s’agit pas que d’une question pratique mais aussi de santé et de qualité de vie. L’autisme est un trouble du développement affectant le comportement, la communication et les interactions sociales. D’autres symptômes peuvent se manifester, tels que l’anxiété et des retards d’apprentissage. Heureusement, il existe des thérapies menant à un meilleur contrôle de soi et à une amélioration des relations avec autrui, ce qui permet à la personne autiste de gagner en autonomie.

Or, ces thérapies sont d’autant plus efficaces lorsqu’elles sont suivies en bas âge. C’est justement ce qui inquiète Mme Maynard qui voit le temps passer sans que son fils ait accès aux interventions intensives dont il a besoin et qui pourrait atténuer les effets de l’autisme. Non seulement Théo a-t-il besoin de services en français puisque c’est la seule langue qu’il comprend, mais les thérapies doivent idéalement, dans son cas, être offertes au sein d’un groupe francophone, les enfants autistes ayant besoin de socialiser pour développer leur capacité de communiquer.

Le Thames Valley Children’s Centre, dont les programmes s’adressent aux jeunes aux prises avec des limitations diverses, a pu offrir des services de base mais le fils de Jasmine Maynard a besoin d’aller plus loin dans son cheminement thérapeutique. L’organisme Autisme Ontario a confirmé à Mme Maynard qu’aucun service en français n’existe à cet égard dans le Sud-Ouest et Toronto Autism Services, une division d’un programme ontarien, a aussi attesté de leur inexistence dans la Ville reine.

Ne restait donc plus qu’à chercher encore plus loin et il semblerait que ce ne soit qu’à Ottawa que cette thérapie soit offerte pour les francophones. Il y a cependant un hic : si Mme Maynard déménagerait dans la capitale avec Théo, cela représenterait une rupture de l’entente encadrant la garde de son fils qu’elle partage avec son ex-conjoint et c’est précisément ce que refuse la Cour supérieur de l’Ontario. En dépit de toutes ses démarches pour obtenir des services en français et la confirmation, reçue d’organismes compétents en la matière, qu’ils sont inaccessibles dans sa région, Mme Maynard s’est fait demander davantage de preuves par la cour. « Apparemment, le juge priorise sa relation avec le père plutôt que ses droits linguistiques », résume-t-elle en parlant de son fils. Il suffirait simplement que le dossier de ce dernier soit transféré à l’hôpital d’Ottawa où est offerte la thérapie pour qu’il puisse en bénéficier, mais ce ne sera pas avant que sa mère ait fait appel de la décision du juge et qu’elle ait été en mesure, espère-t-elle, de la faire renverser.

Jasmine Maynard a multiplié les recours depuis deux ans : elle s’est confiée à sa députée provinciale, à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et au Commissariat aux services en français. Entretemps, elle ne peut que se désoler en constatant que son fils passe à côté d’une thérapie qui pourrait grandement l’aider à une étape cruciale de son développement et remédie du mieux qu’elle peut à ce manque.

« Ce n’est pas seulement Théo. Imaginez tous les enfants qui sont dans la même situation : il doit y avoir des parents qui ont abandonné », s’attriste-t-elle. En attendant mieux, Jasmine Maynard poursuit son combat et espère que son cas attirera l’attention des décideurs publics sur les dysfonctionnements du système, en particulier en ce qui touche au sort des francophones.