William Tran – London

Le lundi 5 février, des membres des communautés franco-ontarienne et autochtone de London ont assisté à une présentation sur la culture des Premières Nations et les défis à relever au sein de celles-ci à l’école secondaire Monseigneur-Bruyère.

George Couchie, Michel Perron et Félix Larocque ont animé la soirée. Ils viennent de Nipissing et font la tournée des écoles francophones de l’Ontario. Enseignant à la retraite, Michel Perron travaille avec le ministère de l’Éducation en partenariat avec l’organisme Élargir l’espace francophone. Il collabore avec les Autochtones George Couchie et Félix Larocque afin de promouvoir leur culture en milieu francophone.

Félix Larocque est un élève de 11e année à l’École Franco-Cité de Sturgeon Falls. Il vient de découvrir ses racines autochtones. Connaissant l’angoisse qui peut découler de cette dualité, il en a partagé son expérience et il a fini par affirmer la possibilité de réconcilier ses deux identités.

George Couchie est un policier à la retraite. Pendant sa carrière au sein de la Police provinciale de l’Ontario, il a aidé ses collègues à mieux comprendre sa culture pour améliorer la relation qu’entretient cette communauté vis-à-vis de la police. Ainsi a-t-il pu puiser dans ses vastes connaissances du fait autochtone au Canada pour diagnostiquer, puis traiter les maux qui rongent cette communauté.

M. Couchie a d’abord expliqué les obstacles que doivent affronter les Premières Nations : le suicide, le décrochage, la drogue et le crime, pour n’en nommer que quelques-uns. Il est patent que les Autochtones traversent une période difficile, et ce, depuis la colonisation.

Mais George Couchie, à qui sa carrière a inculqué l’instinct de résoudre des problèmes, a proposé des solutions. D’abord, les Autochtones doivent s’abstenir de drogues, surtout de l’alcool, car celles-ci sont un fléau qui laisse dans son sillage des orphelins et des familles brisées. Ensuite, ils doivent rester à l’école s’ils veulent mettre un terme au cycle de la pauvreté. Enfin, les jeunes doivent en apprendre davantage sur leur culture. Selon le policier à la retraite, il faut en être fier, car cela va de pair avec la dignité. Et on accepte le traitement que l’on pense mériter.

Afin d’orienter les jeunes, George Couchie a fait appel aux enseignements des aînés : le courage, l’humilité, la sagesse, la franchise, la vérité et le respect. Il a surtout mis l’accent sur l’amour, car il en manque dans la communauté autochtone. Le coeur se durcit lorsqu’il est privé d’amour et la colère est un sentiment que l’on rencontre souvent sur les réserves. Il a donc suggéré de verbaliser son amour pour autrui.

S’ensuit alors une autre leçon. Il avait vu le hasard prendre la vie de ses amis. Qui sait quand sonnera le glas? Puisqu’on ne sait jamais quand nous quitterons les êtres chers qui nous entourent, il ne faut donc jamais laisser passer l’occasion de dire « je t’aime ».

M. Couchie espère que ses conseils amenuiseront la colère qui est tant présente dans la communauté autochtone. Cette colère naît du désespoir qui remonte à plusieurs générations. Il rappelle aux enseignants que chaque élève autochtone porte les souffrances d’au moins trois générations.

George Couchie a également présenté des objets culturels. Ainsi, les représentations de la tortue serpentine servent à diverses fonctions. Sa carapace sert de calendrier et tout son être est imbu de symbolisme : la tête de la tortue représente l’avenir, la carapace, le présent et la queue, le passé.

M. Couchie a fait un lien avec la santé mentale : l’anxiété tracasse les jeunes autochtones parce qu’ils se concentrent trop sur l’avenir, ou la dépression les habite parce qu’ils ne peuvent pas s’échapper du passé. Il faut rester dans le présent.

Zelda Elijah, policière et membre de la nation Oneida, a ouvert et clôturé l’événement avec des chants traditionnels dans sa langue maternelle. La culture autochtone est toujours bien vivante à London.

 

PHOTO: George Couchie a présenté des objets traditionnels autochtones.