Cette année, le temps des Fêtes est un peu différent. Moins de visites, plus de cartes, moins de magasinage, plus de vin et beaucoup plus d’appels Facetime!
Qu’est-ce qui va manquer à plusieurs familles canadiennes qui ne se réunissent pas cette année? Le contact humain. Passablement sous-estimé comme facteur essentiel au bien-être psychologique d’un individu, le contact physique respectueux rassure et connecte les gens.
Catherine Desjardins, psychologue clinicienne au centre-ville de Toronto, mentionne une étude des années 1990 qui faisait un suivi dans les orphelinats en Roumanie à propos du manque de contacts humains. L’enquête révélait que les enfants qui n’en avaient pas suffisamment souffraient globalement d’un problème de développement.
« Nous parlons bien sûr du pouvoir du toucher respectueux, sans équivoque et aucunement d’un harcèlement ambigu ou sexuel », clarifie-t-elle. Le toucher engendre la production d’ocytocine, l’hormone du bonheur, du bien-être et de la confiance.
« C’est comme l’allaitement pour les mamans, ajoute-t-elle avec un sourire. Le contact peau à peau entre l’enfant et le parent favorise l’attachement. » D’ailleurs nous voyons un nombre croissant de photos sur les réseaux sociaux d’hommes, torse nu, faisant la sieste avec leur nouveau-né pour cette même raison.
Mme Desjardins soutient que les connexions interpersonnelles sont primordiales pour rester en santé psychologiquement et émotionnellement, et idéalement ces liens ne sont pas seulement verbaux, mais aussi physiques.
« Se faire un câlin en serrant les bras autour de nous en se berçant doucement, bien que pas tout à fait idéal, est une façon de répondre au besoin de notre système, admet-elle. C’est comme sourire. Les réactions chimiques qui suscitent le bien-être viennent du mouvement des muscles de la bouche et non de la raison du sourire, alors un faux sourire peut être aussi bénéfique qu’un vrai. »
Dre Desjardins fait référence à une autre étude clinique. Dans ce cas, une bibliothécaire devait toucher gentiment la main de la moitié des clients qui rendaient un livre en évitant de toucher à l’autre moitié. Les clients qui ont vécu le toucher relatent une expérience positive. Leur confiance, engagement et attachement avaient augmenté et ils se voyaient revenir à cette bibliothèque.
« Même minuscule, si le toucher est approprié à la situation, il peut avoir un impact positif sur la journée », signale la psychologue. C’est une étude qui a précédé la COVID-19 bien sûr!
Pour combattre les blues, Catherine Desjardins aime bien l’initiative locale de son quartier : « Quelques soirs par semaine, vers 19 h, les gens de ma rue sortent sur leurs balcons et dansent le temps d’une ou deux chansons! Ça permet de connecter socialement à notre environnement local, dit-elle. En plus de faire changement d’air, ce rendez-vous fréquent fait chaud au cœur et renforcit le sentiment d’appartenance à sa communauté.
C’est un peu l’idée des « câloins » (des câlins de loin). Ce terme a pris de l’ampleur avec la pandémie afin de définir des actions à distance qui combleraient le vide laissé par l’absence de câlins rendue nécessaire pour respecter les règles de distanciation sociale. Puisque les humains sont en manque de câlins, une alternative est née pour pouvoir tout de même communiquer amour et amitié.
D’autres façons de combler le besoin humain d’affection incluent aussi un vrai moment, sans distractions, entre soi-même et un animal de compagnie. Le ASMR, Autonomous Sensory Merician Response (réponse sensorielle autonome culminante). est aussi un outil efficace de bien-être. Disponibles par milliers, ces vidéos sur YouTube sont excellentes pour inciter au calme ou pour faciliter le sommeil. Faites-le plein de « câloins » cet hiver!
SOURCE – Élodie Dorsel