Le mot « exceptionnel » n’est pas exagéré pour décrire la carrière sportive de Carolyne Prévost. Cette athlète originaire de Sarnia était d’ailleurs au centre d’une célébration en son honneur le samedi 16 novembre. La communauté s’est réunie dans le gymnase attenant aux locaux du Centre communautaire francophone pour souligner son plus récent exploit : s’être classée, en août dernier, 1ère au Canada et 12e au monde aux Jeux mondiaux de CrossFit qui se sont tenus au Wisconsin.
Le sport n’a pas de barrières culturelles et tant les anglophones que les francophones se sont déplacés en grand nombre pour cette belle soirée. Une partie du gymnase avait été transformée en véritable musée où plusieurs tables croulaient sous les médailles, plaques et trophées gagnés par Carolyne Prévost depuis son enfance. Ce spectacle impressionnant donnait la mesure de la précocité de ses multiples talents.
Multiples car Mme Prévost a pour particularité de performer dans plusieurs sports plutôt qu’un seul. Nommer son sport favori la plonge d’ailleurs dans l’embarras : « C’est difficile! J’ai jamais pu choisir parce que j’aimais autant un sport qu’un autre ». Tout de même, elle admet qu’à l’âge de six ans, ses parents lui ont fait essayer le patinage artistique qu’elle a bien vite délaissé au profit du hockey, jouant aussi bien au sein d’équipes de filles que de garçons.
Son désir de se dépenser à fond et de relever de nouveaux défis l’a constamment poussée à essayer de nouvelles disciplines. À neuf ans, c’est sur le taekwondo que son choix s’est arrêté. Adolescente, c’est au soccer qu’elle s’est initiée avec les Supernova de London. Sa passion pour le hockey l’a également amenée à pratiquer sa variante, le hockey-balle, tandis que le CrossFit s’est imposé comme l’expérience ultime pour canaliser son potentiel. En effet, il s’agit d’une série d’épreuves, changeant à chaque compétition, qui font appel à toutes les aptitudes physiques du corps et qui, dans le cadre des championnats internationaux, vaut aux gagnants, dans leurs catégories respectives, le titre de « Personne la plus en forme de la Terre ». Mme Prévost n’a pas terminé 1ère à l’échelle du globe – quoiqu’elle s’en est approchée – mais n’en est pas moins la femme la plus en forme du Canada.
À considérer ses prouesses passées, cela n’est pas si surprenant. Au niveau provincial, elle a décroché des médailles à 17 reprises dans quatre différents sports (hockey, taekwondo, soccer et hockey-balle); au niveau national, elle a remporté 9 championnats canadiens et 2 championnats américains dans ces mêmes sports; à l’échelle internationale, avec l’équipe canadienne de hockey des moins de 22 ans, elle a remporté l’or à quelques reprises à la Coupe des nations féminine; elle a été médaillée d’argent en taekwondo aux Jeux panaméricains junior de 2005; etc. Il faudrait plusieurs pages pour faire la liste complète des compétitions où elle s’est illustrée.
Depuis son enfance, elle a toujours pratiqué au moins trois sports par année. Y a-t-il un ordre logique qui a guidé son choix d’activités physiques? « C’est venu au hasard mais la base de tout, c’est la gymnastique », une discipline qu’elle a commencée à pratiquer dès l’âge de trois ans et qui, estime-t-elle, procure souplesse, contrôle de soi et force. Mme Prévost se dit à l’aise aussi bien dans les sports d’équipe que ceux individuels, des catégories qui, au quotidien, relèvent un peu de l’abstraction. « Même quand tu fais un sport individuel, il y a une grande équipe derrière toi », commente-t-elle, pensant à ses entraîneurs et à ceux avec qui elle fait de l’exercice.
Au cours de la soirée hommage, Paul Bourgeois et Tanya Tamilio, représentants respectifs du Centre culturel Jolliet et du Centre communautaire francophone de Sarnia, ont passé en revue le parcours de Carolyne Prévost. S’adressant à l’assistance, d’anciens entraîneurs, coéquipiers, enseignants, etc., n’avaient aussi que de bons mots à son égard. James Taylor, qui lui a enseigné le taekwondo, a ainsi souligné combien il est rare de trouver quelqu’un qui, comme Mme Prévost, possède à la fois le talent et la volonté de performer. Daniel Goulet, un enseignant de l’École secondaire catholique Saint-François-Xavier, a raconté qu’elle ne demandait jamais de faveur ou de délais pour ses travaux scolaires malgré un agenda très chargé au plan des compétitions.
La famille de Carolyne Prévost l’a toujours soutenue à fond et son père, Normand Prévost, a pris la parole pour mentionner que les trophées de sa fille avaient été réunis dans le gymnase pour montrer aux autres, en particulier les jeunes, ce qu’il est possible d’accomplir. En quelques exemples, il a également raconté avoir toujours su qu’elle était différente et combien son talent s’est avéré précoce dans toutes les disciplines auxquelles elle s’est initiée. « Je ne vois pas le jour où Carolyne va arrêter de faire du sport, a conclu M. Prévost. Elle va avoir 80 ans et va continuer. »
C’est par quelques mots de l’athlète que la parenthèse des allocutions s’est fermée. Carolyne Prévost a souligné que personne ne lui a jamais imposé de limites et que tout le monde a toujours été là pour l’épauler. Elle n’a jamais voulu sacrifier ses études pour le sport et était déterminée à exceller dans tout : « Si je peux être un exemple pour les filles francophones en Ontario, c’est super! »
Carolyne Prévost est aujourd’hui, à 29 ans, l’athlète la plus décorée de la province. Elle est enseignante en mathématique, sciences et, bien sûr, éducation physique à l’École secondaire Gaétan-Gervais de Oakville. Pour honorer de manière permanente les exploits de cette athlète exceptionnelle, sa communauté d’origine a fait faire une plaque qui sera installée dans le couloir menant au gymnase du complexe scolaire-communautaire francophone où s’est tenue cette soirée mémorable.
PHOTO : C’est dans le gymnase du centre scolaire-communautaire francophone de Sarnia que la soirée s’est déroulée.