S’il est deux disciplines qui se marient à merveille, c’est la généalogie et la littérature. Toute famille n’est-elle pas une extraordinaire épopée traversant les époques et dont les membres entretiennent des relations complexes qui parfois peuvent se transformer en véritables intrigues romanesques? Sans théoriser à ce point, ce n’est pas moins au même constat qu’en est arrivé Pierre-Yves Béliveau, un résident de London dont les ancêtres sont désormais immortalisés dans un roman de sa main.

Les premiers pas de M. Béliveau dans le monde littéraire ont dû attendre l’heure de la retraite de cet ancien employé du Conseil scolaire catholique Providence. Ayant élu domicile à London en 1986, ce long séjour passé à des lieux de ses lointaines racines familiales a peut-être aussi fait mûrir chez lui un désir de communier plus fermement au fait français en Amérique. Quoi qu’il en soit, dans le cas de cette nouvelle de 80 pages intitulée Retour à l’expéditeur et publiée chez Édilivre, c’est en partie au père de Pierre-Yves Béliveau qu’il faut en attribuer l’inspiration. En effet, celui-ci s’était lancé dans la rédaction de sa généalogie. N’ayant pu compléter cette recherche avant son décès, les documents qu’il avait accumulés se retrouvèrent entre les mains de son fils qui en vit tout le potentiel.

Pierre-Yves Béliveau entreprend alors de compléter la généalogie de sa famille. Dans le même temps naît chez lui l’idée qu’il faudrait rendre hommage à ceux et celles dont il est l’héritier, le descendant. Il réfléchit aussi au format original et approprié à ce dessein et au récit qui pourrait synthétiser son propos. 

Plus de deux ans de réflexion et de recherche historique minutieuse lui permettent finalement de coucher son roman sur papier.

L’histoire porte sur l’entourage de Pierre Béliveau, un ancêtre de l’auteur, et se déroule dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais voilà, ce n’est pas au Canada que les Béliveau ont fait souche mais en Acadie, et de là le drame se dessine déjà. Dispersée aux quatre vents par la déportation de 1755, la famille se retrouve sans nouvelle les uns des autres. Le roman consiste en une série de 12 lettres adressées à Pierre Béliveau et écrites par des membres de sa parenté. Ceux-ci résident désormais à Saint-Pierre et Miquelon, à La Rochelle en France, en Martinique, en Mauricie au Québec, etc., et leurs missives sont rédigées sur une période d’un quart de siècle. Or, leurs cris du cœur, leurs angoisses, leurs questions anxieuses lancés du bout du monde resteront sans réponse : Pierre Béliveau est mort, d’où le titre du roman. Retour à l’expéditeur comprend également, pour chaque lettre, une illustration réalisée par un ami de l’auteur. Les lettres, bien que fictives, ont été conçues pour être le plus près possible de la réalité historique.

Pierre-Yves Béliveau espère susciter un certain intérêt des deux côtés de l’Atlantique pour ce récit qui lui tient à cœur. Ce roman, tout en étant très personnel et centré sur l’univers d’une famille en particulier, saura exercer son charme auprès des amateurs d’histoire et de tous ceux qui se reconnaîtront dans ses pages, au premier chef desquels les Acadiens.

Photo : Pierre-Yves Béliveau