L’avenir du français au Canada repose sur la capacité du Québec et des communautés francophones de tout le pays d’unir leurs voix, de faire preuve de solidarité entre eux, selon la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).
La Fédération était un des tout derniers intervenants à se présenter en commission parlementaire, le jeudi 7 octobre en fin de journée, pour commenter le projet de loi 96, qui propose une réforme majeure de la loi 101 ou Charte de la langue française. La consultation a pris fin jeudi.
Les francophones canadiens sont venus affirmer devant les parlementaires qu’ils souhaitaient que l’élan de solidarité affiché par le gouvernement Legault envers eux dans le préambule de son projet de loi 96 se traduise par des gestes forts et des actions concrètes visant une collaboration de tous les instants entre francophones des différentes provinces.
Dans son préambule, le projet de loi 96, parrainé par le ministre Simon Jolin-Barrette, stipule clairement l’intention du gouvernement Legault de jouer un rôle de leadership pour promouvoir l’usage du français à travers le Canada.
« Seul État de langue française en Amérique du Nord, le Québec partage une longue histoire avec les communautés francophones et acadienne du Canada. Il en découle une responsabilité particulière pour le Québec, qui entend jouer un rôle de premier plan au sein de la francophonie » du pays, pourra-t-on lire dans l’article un de la version remaniée de la Charte de la langue française, qui en compte plus de 200.
Cette affirmation a créé des attentes chez les francophones du pays vivant en situation minoritaire.
Dans son mémoire, la FCFA conclut de ce préambule que le gouvernement Legault « reconnaît implicitement que la lutte pour transmettre le français aux générations futures est une responsabilité partagée entre le Québec et les communautés ».
Selon son analyse, le Québec « envisage les défis liés à l’avenir de la langue française dans une perspective canadienne, voire nord-américaine ».
La Fédération souhaite cependant que le gouvernement précise dans son projet de loi comment il entend se comporter pour assurer cette solidarité francophone pancanadienne.
Il faudrait selon ses voeux que le Québec définisse mieux son rôle « en collaboration avec les communautés francophones et acadienne elles-mêmes ». De plus, on voudrait que le Québec profite de toutes les tribunes mises à sa disposition (réunions fédérales-provinciales, Conseil de la fédération, Conseil des ministres de l’Éducation, etc.) pour promouvoir l’usage du français et renforcer son statut à travers le pays.
Un soutien « systémique »
Il s’agirait donc d’engager l’ensemble de l’État québécois, « de manière horizontale et interministérielle, dans une relation renouvelée avec les communautés », de manière « aussi systémique et systématique ».
« La condition de succès : que les ministères de l’Administration québécoise dont les mandats s’arriment logiquement aux différentes facettes de la vie en français ailleurs au pays – l’éducation, la culture, l’économie, la santé, la justice, l’immigration et la diversité – intègrent dès le départ à leurs politiques et programmes futurs des mesures précises reflétant l’intention de rapprochement manifestée par le gouvernement », écrit la FCFA.
C’était la première fois depuis des années que la FCFA, qui représente 2,7 millions de Canadiens d’expression française vivant hors Québec, comparaissait devant une commission parlementaire québécoise.
SOURCE – Jocelyne Richer, La Presse canadienne
PHOTO – L’Assemblée nationale du Québec