Maintenir le poids démographique de la francophonie ontarienne est une question des plus compliquées. Si la réponse à ce problème passe par l’immigration, la complexité ne s’en trouve qu’accrue car il faudra prendre en compte tout le processus entourant l’établissement des nouveaux arrivants. Pour réfléchir aux diverses facettes de cette réalité, mieux vaut mettre à contribution l’expertise du plus grand nombre d’intervenants possible.

C’est pourquoi un forum sur le recrutement et l’intégration des immigrants francophones dans le centre-sud-ouest de l’Ontario a été organisé à Thorold, dans la région du Niagara, les 22 et 23 février derniers. La première journée consistait, pour l’essentiel, en une occasion de se rencontrer et de réseauter à l’occasion de la soirée d’ouverture. Présentations, échanges entre panélistes et périodes de questions sur les champs d’étude les plus divers ont eu lieu le lendemain.

Les thématiques les plus classiques entourant le thème de l’immigration ont été abordées. Les politiques et programmes mis en place par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, les indicateurs d’intégration économique des immigrants, leur intégration socioculturelle, etc., voilà autant de sujets à avoir été présentés à l’assistance. Des intervenants disposant d’une longue expérience ont également participé à des panels de discussion autour de thèmes allant de la nécessité de redresser l’immigration de langue française en Ontario à la dynamique de collaboration à établir avec les organismes anglophones.

Les habitués de l’actualité francophone du sud de la province pouvaient reconnaître dans l’assistance les figures les plus connues de la vie communautaire. Sébastien Skrobos, de l’ACFO Régionale Hamilton, Léonie Tchatat, de La Passerelle I.D.E., Fété Kimpiobi de Sofifran, Rita-Giroux Patience, du Conseil scolaire catholique Providence, Émilie Crakondji, du Carrefour des femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, Jean-Pierre Cantin, du Centre communautaire régional de London, Marcel Castonguay du Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara et combien d’autres. Si plusieurs étaient présents comme simples participants, certains ont fait des présentations et ont échangé devant l’assistance quant à leurs idées, opinions et expériences.

Ce forum fut également l’occasion pour l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) de procéder à une annonce officielle. En préambule, Julie Lutete, vice-présidente de l’organisme, a dressé un état des lieux plutôt préoccupant : celui de la fragilisation de la place démographique des Franco-Ontariens et de l’insuffisance de l’immigration, depuis un certain temps, pour remédier à ce problème. « Ce n’est pas encourageant pour la pérennité des langues officielles alors que nous célébrons cette année la Confédération », a commenté Mme Lutete.

Ce problème est connu depuis longtemps et, pour y trouver des solutions durables, l’AFO a récemment entrepris de conduire une série de consultations régionales. Plus de 200 personnes, dont de nombreux représentants d’organismes, ont répondu à l’appel pour partager leurs points de vue. Le Livre blanc sur l’immigration en Ontario, qui synthétise les idées de tous, sera rendu public le 23 mars.

Pour mousser l’intérêt quant à ce document de travail, Mme Lutete a, lors du forum sur l’immigration, révélé une des recommandations qu’il contient. En s’inspirant d’une expérience semblable menée en Acadie, le Livre blanc suggère de créer Destination Ontario français, un programme de recrutement à l’international qui permettrait de faire connaître la province et ses communautés francophones à des populations cibles. Puisque le recrutement constitue la première étape d’une immigration bien organisée, il était logique, selon Mme Lutete, que cette recommandation soit la première à être connue et discutée par les Franco-Ontariens.

Beaucoup de travail attend les organismes francophones du sud de l’Ontario pour mener à bien leurs projets en matière d’immigration. En s’appuyant sur le Livre blanc et sur ce qu’ils auront appris lors du forum, ils seront plus à même de travailler efficacement pour faire changer les choses.