Fin du suspense sur la création d’une université de langue française dans le Centre Sud-Ouest de l’Ontario. Dyane Adam a rendu publiques, le lundi 28 août, les conclusions du conseil de planification qu’elle préside. Si ce rapport est suivi des faits par le gouvernement, les 348 premiers étudiants pourraient y faire leur en rentrée en 2020. Quelque 83,5 millions $ seront nécessaires comme fonds de démarrage, de développement et d’immobilisation, pris en charge par le fédéral et le provincial.

S’appuyant sur une étude indépendante des besoins et sur une vaste consultation de la communauté, le rapport confirme « l’existence d’un bassin d’étudiants suffisamment important pour alimenter une institution de taille modeste axée sur l’excellence académique » capable de répondre aux « défis importants en matière de recrutement d’employés compétents en français. »

Le rapport préconise que la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle soumette un projet de loi à l’Assemblée législative qui dote cette université d’une charte et de structures de gouvernance et de gestion autonomes et d’expression française.

Un réseau d’affiliations académiques

Les travaux du conseil de planification dessinent les contours d’une université indépendante, tournée vers le numérique et la recherche, capable de conférer des grades universitaires. Avec deux universités pour mentors – Ryerson et Ottawa – elle s’appuierait sur un réseau d’affiliations académiques autour d’une programmation entièrement en français, répondant aux besoins des secteurs clés tels que le droit, la santé, les services sociaux ou encore l’éducation.

Basés sur une pédagogie inductive (qui place l’étudiant au centre) et expérientielle (qui accorde une grande place aux stages et aux programmes coopératifs), les programmes seraient structurés autour de quatre créneaux : la pluralité humaine (petite enfance, santé mentale, engagement communautaire, etc.), les environnements urbains (architecture, mobilité, climat, etc.), l’économie mondialisée (finance, développement, capital humain, etc.) et les cultures numériques (arts visuels, musique, médias sociaux, etc.).

Constitué de 21 membres externes et internes – incluant des étudiants –, le conseil de gouvernance aura pour mission de piloter les affaires de l’université et d’en fixer les objectifs, tandis que le conseil universitaire, composé du même nombre de membres, définira les activités d’enseignement, d’apprentissage et de recherche.

Un carrefour francophone su savoir et de l’innovation

Nommée « Université de l’Ontario français » (ULF), la nouvelle institution serait située au centre-ville de Toronto ou dans le secteur riverain Est de la ville », sans que l’on sache encore son emplacement précis. La conviction de Dyane Adam est de « créer un Carrefour francophone du savoir et de l’innovation qui serait dirigé par l’ULF et ses deux principaux partenaires éducatifs : le Collège Boréal et le Groupe média TFO. En regroupant leurs ressources physiques et humaines et leur mission éducative complémentaire, ces institutions proposeraient des approches novatrices d’apprentissage, de formation et de recherche en français et elles réaliseraient également des économies d’échelle. » Plusieurs organismes communautaires se sont dits intéressés pour ouvrir une antenne dans ce nouvel espace.

Débutant en 2018, le plan de mise en œuvre comporterait trois étapes : la mise en place des équipes et des programmes durant les deux premières années, l’accueil des premières cohortes d’étudiants et la consolidation des programmes dès 2020, et la croissance des effectifs étudiants et du corps professoral en lien avec le développement de nouveaux programmes de 2023 à 2029.

Le modèle prévoit l’inscription de 348 étudiants dès 2020, plus de 1000 étudiants dès 2023. Environ 35 membres du personnel (corps professoral et administratif) seraient recrutés pour la première année pour atteindre 79 membres lors de l’accueil des premières cohortes d’étudiants en 2020 et passer progressivement à 147 membres après onze ans d’existence.

« Un moment historique » pour l’AFO

Carol Jolin a salué pour sa part « un moment historique pour la communauté francophone de l’Ontario et pour la francophonie en général. » Avec le soutien des deux partis d’opposition, tous les astres sont alignés, selon le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) qui attend maintenant le dépôt d’un projet de loi. « Avec son entrée dans l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et la création de l’Université, l’Ontario  prend une direction prometteuse avec tout ce que cela représente en termes de retombées et de visibilité à l’international. »

La balle est désormais dans le camp du gouvernement. La ministre des Affaires francophones Marie-France Lalonde s’est engagée à ce que le projet de loi actant la création de l’université soit déposé le plus rapidement possible à l’Assemblée législative et qu’un comité de mise en œuvre intérimaire composé d’experts soit créé : « On est en train d’établir le calendrier mais ce que je peux vous dire c’est que la ministre de l’Enseignement secondaire Deb Matthews, avec qui je travaille en étroite collaboration, déposera le projet de loi avant les prochaines élections. Notre gouvernement s’engage sur les recommandations clé du rapport et dit oui à une université autonome dont la gouvernance est assurée par et pour les francophones. »

Photo : le rapport Adam recommande la création à Toronto de la première université de langue française en Ontario.