Quiconque fréquente le milieu communautaire y rencontre de nombreux aînés. Que ce soit comme bénévoles, comme membres de conseils d’administration ou comme simples participants aux activités, les personnes âgées sont partout. Cependant, cette visibilité ne révèle pas grand-chose de leurs besoins et de leur avenir au sein des communautés francophones.
C’est pourquoi le Carrefour des femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, en collaboration avec le Centre communautaire régional de London (CCRL), le Centre communautaire francophone Windsor-Essex-Kent et l’Union culturelle des Franco-Ontariennes (UCFO), a organisé une journée de réflexion sur la place des aînés de langue française dans la société. C’est au Centre Desloges, à London, que cette activité s’est tenue le 3 juin dernier. Une soixantaine de participants de London, Windsor et Sarnia ont passé la journée à discuter de leur situation et à échanger des idées.
Les commentaires des uns et des autres ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd puisque la députée fédérale de London-Fanshawe, Irene Mathyssen, porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’aînés, a participé à la rencontre. C’était d’ailleurs un des buts avoués d’Émilie Crakondji, directrice générale du Carrefour des femmes, que de donner suite à cette activité en transmettant à la classe politique et aux bailleurs de fonds un résumé des propos échangés.
Dans un tout autre ordre d’idées, comme cette rencontre se déroulait pendant la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels, une minute de silence en hommage à ces dernières a été tenue avant d’entamer le programme de la journée.
« On n’est pas ici pour vous enseigner quelque chose. On est ici pour vous écouter, a dit d’entrée de jeu Mme Crakondji. On va mettre l’accent sur le volet social et communautaire. Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider les aînés sur ce plan-là? » Ce sont plus particulièrement sur les réalités du Sud-Ouest que les participants ont été invités à se pencher.
Pour mettre la table, Émilie Crakondji a posé quelques questions à l’assistance afin de mettre en lumière le vécu de chacun. Plusieurs ont fait part de problèmes fréquemment rencontrés : isolement, faible accès à des spécialistes bilingues dans le domaine de la santé, rareté des activités culturelles et artistiques, manque de solidarité entre francophones, difficulté à convaincre certains aînés de se joindre aux activités en français, résistance à l’intégration des minorités ethnoculturelles, etc.
Il ne s’agissait-là que d’un préambule. Identifier les causes, les effets, les solutions possibles et les résultats attendus étaient aussi à l’ordre du jour. Par petits groupes, les aînés ont discuté de leur réalité communautaire et ont pris des notes. La nécessité d’imposer le français face au manque de résolution de certains, d’intégrer les immigrants, d’augmenter les ressources pour les organismes, etc., sont des constatations qui ont été exprimées.
Après le dîner, les organismes ont été invités à s’exprimer quant à leurs expériences et leurs réussites. Les réalisations du Cercle des copains, en particulier la Biblio-franco, ont vivement impressionné les participants de Windsor. Ces derniers n’étaient pas en reste avec la Résidence Richelieu, un exemple d’autonomie financière comme l’a expliqué son président, Didier Marotte. Diverses stratégies de communication entre organismes ont été évoquées, que ce soit comme projet ou comme expérience concrète.
Jean-Pierre Cantin, directeur général du CCRL, a évoqué sa vision d’un lieu qui rassemblerait les organismes francophones de London, une ambition qu’il tentera de concrétiser au cours des prochains mois en y incluant un volet pour les aînés. Ses vis-à-vis du Sud-Ouest trouvaient intéressant qu’un organisme ait un rôle de leader et qu’il prenne sous son aile des associations avec moins de moyens. De leur côté, des membres de l’UCFO ont présenté leurs activités régulières d’artisanat qui connaissent du succès.
Au cours de l’après-midi, Julie Chalykoff, présidente de la section régionale du Sud-Ouest de la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario, s’est adressée à l’assistance pour partager quelques informations importantes. Elle a d’abord parlé des organismes dont les acronymes sont connus mais pas nécessairement leur rôle : FARFO, FAAFC, AFO, etc. Mme Chalykoff a aussi élaboré sur la « fiole de vie », un projet pilote qui a été mis en place ça et là en Ontario et qui est en cours d’élaboration dans le Sud-Ouest. Il s’agit d’une capsule destinée à être entreposée dans le congélateur et qui contient de l’information sur l’état de santé d’un résident de la maison (allergies, médication, etc.). En cas d’urgence, les ambulanciers, prévenus de l’existence de cette capsule par un autocollant, peuvent s’y référer pour intervenir plus rapidement.
Le bilan de la journée s’avère positif, mais ce ne sera qu’à long terme qu’il sera possible d’en évaluer les résultats tangibles. Se pencher sur des problématiques complexes, difficiles, parfois tabous, ne constituent qu’une première étape. Comme l’a fait remarquer Mme Mathyssen, qui parlait d’expérience, c’est en continuant sans cesse à parler d’un problème et à pousser pour sa résolution que l’on finit par être entendu.

Photo : une soixantaine de personnes âgées ont participé à la consultation.