Le samedi 20 novembre, Julie S. Lalonde, coordonnatrice de Stand Up, un programme promouvant le développement d’un environnement sécuritaire et respectueux, était l’invitée du Réseau-femmes alors que se concluait la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels.

C’est pour offrir une formation en ligne sur les interventions visant à contrer le harcèlement de rue que l’organisme avait fait appel à Mme Lalonde, qui travaille aussi avec Hollaback! depuis une dizaine d’années et dont la mission est justement d’enrayer ce problème.

Forte de cette expérience, la présentatrice a d’abord résumé en quelques mots ce qu’est le harcèlement de rue, aussi connu sous le nom de harcèlement sexuel dans les espaces publics. Cela peut prendre plusieurs formes : gestes inappropriés, regards insistants, commentaires impudiques, sifflements, exhibitionnisme, traque, etc.

Les conséquences sur les victimes sont tout aussi diverses : anxiété, qualité de vie réduite, mobilité limitée ou occasionnant des déboursés (par exemple, prendre un taxi plutôt que de marcher pour éviter des passants peu rassurants), être obligée de déménager (pour s’extirper d’un quartier où le phénomène est endémique), etc.

Or, il appert que 20 % des femmes qui allèguent avoir été la cible de ce type de comportement se sont fait aider par des témoins et que, dans 81 % des cas, la situation s’est améliorée.

C’est pour former l’assistance aux modes appropriés d’intervention lorsque survient ce type de harcèlement que Julie S. Lalonde a donc initié son auditoire à la stratégie des « 5D ».

Ainsi, lorsqu’une femme se fait harceler, un passant souhaitant aider peut simplement s’interposer en créant une distraction : faire semblant d’échapper quelque chose, demander un renseignement banal au harceleur, amorcer une conversation avec la victime, etc. Déléguer consiste à faire appel discrètement à quelqu’un d’autre, idéalement une personne en position d’autorité dans le lieu où les gestes sont posés (chauffeur d’autobus, agent de sécurité, propriétaire du magasin, etc.). Documenter, c’est-à-dire, règle générale, filmer ce qui se passe avec un cellulaire, vise à fournir à la victime un élément de preuve si elle désire porter plainte. D’autres pourront plutôt choisir de dialoguer avec la victime après les faits, question de lui offrir réconfort et soutien.

Diriger est le 5e de ces « D » et désigne la prise en main de la situation par un témoin souhaitant aider de manière non équivoque, en interpellant le harceleur ou en offrant sans détour son aide à la victime. Mais, on l’aura compris, il est souvent préférable, surtout pour une femme, de ne pas confronter directement la personne qui se livre à des gestes déplacés, d’où les nombreuses alternatives en termes de stratégie d’approche.

« Ton rôle, comme témoin, n’est pas d’entrer en discussion avec le harceleur pour lui apprendre une leçon, commente Mme Lalonde. Ta seule priorité est de créer une bulle de sécurité entre le harceleur et la personne ciblée. »

Bien entendu, quiconque souhaite intervenir doit aussi penser à sa propre sécurité.

La présentatrice s’est aussi attardée à la façon dont les personnes harcelées peuvent composer avec la situation. Et pour tous ceux et celles qui seront peut-être un jour témoins d’un acte de harcèlement de rue, elle les a incités à ne pas attendre que quelqu’un d’autre prenne l’initiative d’intervenir, une attitude instinctive qui fait souvent en sorte qu’une foule entière reste parfois passive face à l’inacceptable.