Plus de 400 délégués ont répondu à l’invitation de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) à participer à une conférence portant sur le développement durable. Tenu à London du 10 au 12 février, l’évènement a attiré des maires, conseillers et employés municipaux de partout au pays de même qu’une vingtaine d’exposants. 

L’expression est connue depuis un bon moment déjà mais, pour plusieurs, elle désigne un concept qui demeure passablement obscur. Qu’est-ce que le développement durable? Et en quoi cela touche-t-il à la sphère d’activités des municipalités? C’est pour explorer les tenants et aboutissants de ces problématiques et faire connaître les réponses éprouvées que la FCM avait mis sur pied une série d’ateliers interactifs, de séances de formation et de visites d’études à l’intention des participants.

Loin de se cantonner à un idéalisme abstrait ou de se résumer en une simple protection des espaces naturels, le développement durable se veut un mode de gestion à long terme, une utilisation efficiente des ressources destinée à répondre aux besoins du présent en prenant en considération les besoins des générations futures. Outre la variable environnementale, les aspects économiques et sociaux des enjeux sont également pris en compte dans la grille d’analyse propre au concept de développement durable. Puisque d’esprit pratique et éminemment terre à terre dans son application, le développement durable s’harmonise à merveille avec la réalité municipale, d’où l’intérêt de cette conférence.

Si les élus, habitués à gérer les infrastructures et les fonds publics, comprennent aisément l’importance d’investir suivant cette approche, il n’en va pas nécessairement de même avec l’ensemble de la population. Le développement durable souffre d’un certain problème d’image car souvent associé à une dépense dont les retombées sont lointaines et incertaines. Mairesse de Bromont, au Québec, une ville ayant adopté un ambitieux plan de développement durable en 2012, Pauline Quinlan estime que c’est en gardant un juste milieu que l’on peut gagner les gens à cette cause : « Je pense que c’est en faisant voir que ce concept se veut un équilibre entre l’environnement, qui est protégé, et la réalité économique au niveau de laquelle on demeure solide, on crée des emplois et on a une bonne qualité de vie. » Au cours des dix dernières années, Mme Quinlan a assisté à de nombreuses conférences sur le développement durable. Elle admet qu’il y a encore bien du chemin à faire : « Ce que je constate, c’est qu’on évolue avec le concept mais on n’est pas rendu au point où, pour la majorité, ce serait un mode de gouvernance. On est encore dans une phase de scepticisme. »

Pauline Quinlan, avec des dizaines de délégués, a participé à un atelier interactif sur la communication efficace des projets de développement durable en campagne électorale. Le modérateur des échanges était Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Selon lui, l’implantation de ce concept relève d’un processus de longue haleine. « C’est logique que les villes commencent par l’environnement. Par la suite, c’est plus facile d’avoir les connaissances pour traiter tous les enjeux », estime-t-il. M. DeSousa donne comme exemple celui du recyclage. Au cours des 20 dernières années, celui-ci s’est fermement ancré dans les mœurs des citoyens qui se sont conscientisés à son importance. Mais les municipalités ont elles aussi appris de cette expérience en développant une expertise de gestion qui leur a révélé les avantages financiers et logistiques du recyclage. Cette pratique permet de réduire les frais d’enfouissement par exemple. D’arguments environnementaux, on passe aux arguments économiques. Le recyclage était une première étape et les villes peuvent maintenant aller plus loin. Alan DeSousa, qui a remporté le Prix des champions écoresponsables de la FCM dans la catégorie des particuliers en 2014, connaît bien ce domaine et apprécie les occasions d’échange et de réseautage offertes par la conférence. « Ici, c’est un lieu de partage », résume-t-il.

La gestion de l’eau, les économies d’énergie, le transport en commun, etc. : voilà autant de champs d’intervention municipale touchant au développement durable. Autant de points de frictions potentiels et de débats laborieux en perspective si les projets ne sont pas menés avec doigté. Un plan efficace de développement durable ne mènera pas nécessairement à des réalisations concrètes si seule une poignée de politiciens le portent à bout de bras. Il s’est dégagé des échanges et des présentations que, pour être rassembleur, il est important de lier ces problématiques à l’économie et la santé. Trouver des terrains d’entente, former des coalitions, présenter des projets émanants de la communauté et pas seulement du conseil de ville, bref, faire du développement durable un exemple de proximité fructueuse entre les citoyens et l’administration publique la plus près d’eux, voilà la clé du succès selon les participants.

Cette conférence de la FCM s’est avérée un exercice fort utile et très apprécié des délégués. Cependant, ces trois jours de discussion et de formation n’étaient sans doute que le prélude à de nombreuses initiatives qui, au cours des prochaines années, devraient contribuer à changer la façon de vivre en commun au niveau local.

Photo: Les ateliers ont attiré des délégués aussi nombreux qu’avides d’apprendre.