Une économie dynamique va de pair avec un marché de l’immobilier hyperactif. L’inverse est également vrai et touche aussi au marché locatif.
Il est sans doute exagéré, pour le moment, de s’attendre à une diminution significative des loyers mais tout indique que les hausses anticipées pour 2020 seront revues à la baisse partout au Canada.
À titre d’exemple, à Toronto, la ville la plus dispendieuse pour se loger en Ontario, la chute de la demande d’unités locatives a été plus prononcée (25 %) que la diminution de l’offre (7 %) au cours de la seconde moitié de mars comparée à la même période l’an dernier selon Urbanation, une firme de consultants spécialisés dans l’immobilier. Une modeste baisse (0,7 %) des loyers demandés a aussi été remarquée.
La ville de London a connu, au cours des dernières années, une croissance de sa prospérité qui a attiré à elle plusieurs nouveaux venus. Cependant, comme à Toronto, les beaux jours du marché résidentiel qui accompagnaient le développement économique de la municipalité sont probablement chose du passé. Cette mauvaise nouvelle pour les propriétaires fera néanmoins le bonheur des locataires, surtout ceux dont les revenus sont affectés par les mesures de confinement et la récession.
En mars, à London, le loyer moyen pour un appartement d’une chambre a augmenté de 0,5 % par rapport au mois précédent pour se situer à 1189 $. En revanche, c’est une diminution moyenne de 0,1 % qui a été notée pour les appartements de deux chambres, maintenant à 1632 $. Les données sont pour l’instant trop limitées pour discerner une tendance, d’autant plus que l’état d’urgence n’est entré en vigueur en Ontario que le 17 mars.
Il existe néanmoins quelques indices quant à la direction que le marché est en train de prendre, tels les appartements normalement loués à court terme (par le biais du site web Airbnb par exemple) qui, par manque soudain de locateurs, se retrouvent peu à peu sur le marché à long terme. Ce changement – d’abord volontaire puis, à partir du 4 avril, contraint par décret du gouvernement ontarien pour des raisons sanitaires – contribue à désengorger le marché et à accroître la compétition entre propriétaires.
Il est douteux que London échappe à ce qui est observé dans l’ensemble du pays. En avril, les augmentations de loyer prévues ont fait place à la stagnation : diminution de 0,3 % pour les appartements d’une chambre et augmentation de 0,2 % pour ceux de deux chambres. Ce n’est là qu’un faible avant-goût de ce qui est à venir : rentals.ca, un des sites web les plus visités au Canada par les locateurs, avance dans son rapport d’avril que le loyer moyen pourrait chuter de 20 % au cours de l’année. Il s’agit là, cependant, du pire des scénarios… ou du meilleur, tout dépendant à qui l’on s’adresse.
La durée de la pandémie sera un facteur décisif dans ce qui déterminera les tendances du marché locatif. La récession qui l’accompagne dans son sillage et qui se perpétuera au-delà de la levée des interdictions imposées par les gouvernements aura aussi un impact significatif.