Avec le début du printemps vient la Journée internationale de la francophonie, et pour un organisme tel que le Carrefour communautaire francophone de London (CCFL), il allait de soi que pareil événement devait être souligné.
Cette année, le CCFL a décidé de sortir des sentiers battus en fusionnant les influences culturelles grâce à un artiste hors normes. Le DJ William C. Wikcemna Yamni ake Wanzi a offert, le vendredi 19 mars, un spectacle en ligne de musique urbaine autochtone qui empruntait autant aux traditions des Première Nations qu’il en déconstruisait les mythes et les clichés s’y rapportant.
Mais d’abord, qui est William C. Wikcemna Yamni ake Wanzi? Pareil nom de famille est en fait un pseudonyme d’artiste qui, en langue dakota, fait référence à la Loi C-31. « C’est la loi qui a redonné le statut d’Indien à ma mère en 1985 ainsi qu’à moi-même. Donc c’est une loi importante pour ma famille », a-t-il expliqué.
La prestation musicale était intercalée entre deux interventions de l’artiste agrémentées de quelques interactions avec le public pour répondre aux questions. Noël Habel, de son vrai nom, a ainsi expliqué sa passion pour la musique autochtone, qui constitue pour lui une célébration de sa communauté et de ses amis, et dont il aime les mélodies rythmées par les diverses langues des Premières Nations. « Les langues nous enrichissent en nous proposant différentes visions du monde », a commenté le DJ.
Celui-ci ne se contente pas de travailler à partir des compositions des autres puisqu’il a à son actif deux singles et qu’il produira, probablement l’an prochain, un album de 10 chansons présentement en préparation. Questionné à savoir quels sont les sujets qu’il préfère aborder dans ses chansons, M. Habel a répondu qu’il parle souvent des préjugés, qu’il aime utiliser l’autodérision et aussi soulever les questions d’identité chez les Autochtones. « Ce ne sont pas des sujets faciles. Ça prend une discussion », a-t-il souligné.
Pour un aperçu de son travail, il suffit de consulter le compte de William C. Wikcemna Yamni ake Wanzi sur les plateformes web Spotify et SoundCloud.
Quant au spectacle, il consistait en une heure de musique largement en français avec quelques incursions du côté des langues des Premières Nations. C’est à un kaléidoscope visuel et sonore que le public a eu droit, une sorte de long vidéoclip permettant une expérience immersive. Création des plus intéressantes, cet ensemble d’oeuvres a mis en lumière des artistes issus des communautés autochtones des quatre coins du pays et aux styles les plus divers.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait guère de place laissée au folklore, en tous cas pas dans sa facture archétypique. Cette prestation a fait voir le côté moderne des artistes autochtones, une facette rafraichissante qui, pour l’occasion, s’harmonisait à la langue française.
PHOTO – Le DJ William C. Wikcemna Yamni ake Wanzi à sa console