Élu avec 66,1 % des suffrages, Emmanuel Macron est devenu à 39 ans le plus jeune président de la République française, dimanche 7 mai, dans une élection marquée par le plus fort taux d’abstention (plus de 25 %) depuis 1969. Plus de quatre millions d’électeurs ont par ailleurs voté blanc ou nul. À Toronto, les expatriés ont massivement voté pour le candidat d’En Marche qui recueille 91,7 % des votes contre 8,3 % à son adversaire d’extrême droite, Marine Le Pen.
Alors que la passation de pouvoir avec François Hollande aura lieu le dimanche 13 mai au Palais de l’Élysée, à Paris, les deux hommes ont célébré ensemble la cérémonie du 8 Mai 1945 qui commémore le 72e anniversaire de la victoire alliée contre l’Allemagne nazie.
Le nouveau chef de l’État a quitté la tête de son mouvement politique et s’attelle désormais à la formation de son futur gouvernement qui devrait s’ouvrir à plusieurs personnalités de la société civile mais aussi à des transfuges de droite comme de gauche. Les noms du centriste François Bayrou, du républicain Bruno Lemaire et du socialiste Gérard Collomb reviennent avec insistance.
Le premier défi d’Emmanuel Macron sera d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner. Les législatives de juin 2018 seront un test grandeur nature, dans un paysage politique hexagonal en pleine mutation, qui a vu les deux principaux partis au pouvoir depuis 60 ans exploser. Alors que les annonces de ralliement se multiplient, socialistes et républicains tentent de recoller les morceaux de leurs formations respectives pour les mettre en ordre de bataille, à moins d’un mois des prochaines échéances électorales. À Toronto, elles se dérouleront, comme pour la présidentielle, un jour avant le scrutin hexagonal, soit les 3 et 17 juin.
Une majorité à l’Assemblée est indispensable à Emmanuel Macron pour mettre en œuvre son programme électoral. Le nouveau président de la République française a notamment promis d’exonérer de taxe d’habitation 80 % des Français, de réformer l’assurance-chômage, de ressusciter la police de proximité, d’accroître l’autonomie des établissements scolaires, d’investir massivement dans la formation, la transition écologique, la santé et l’agriculture et de réaliser 90 milliards $ d’économie budgétaire. Le futur locataire de l’Élysée devra surtout réconcilier une France déchirée idéologiquement entre libéralisme et nationalisme, qui attend une profonde moralisation de la vie politique.
Son intention de flexibiliser le droit du travail par ordonnance (procédure qui évite de passer par le Parlement) risque de rencontrer une forte résistance des syndicats dès la rentrée.
Photo : le président de la République s’attelle à la formation de son futur gouvernement.