Un des poids lourds du gouvernement de Kathleen Wynne a annoncé sa retraite au cours des derniers jours. Députée de London Centre Nord depuis 2003, Deb Matthews a rendu publique sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat aux prochaines élections provinciales qui se tiendront en 2018. Elle est actuellement vice-première ministre, présidente du Conseil des ministres, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle et ministre responsable de l’Action pour un gouvernement numérique.
Certains pourront supputer que les sondages désastreux pour les libéraux et la perspective d’être défaite dans son comté ou de végéter dans l’Opposition y sont peut-être pour quelque chose dans sa décision. Il n’en demeure pas moins que Mme Matthews passera le cap des 65 ans en 2018 et qu’à la fin de son mandat, elle aura passé 15 ans au pouvoir. Le temps, en somme, d’avoir « fait le tour de la question ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne peut pas lui reprocher d’être étrangère à son comté. Née à London et très exactement dans les limites de sa circonscription, elle a passé toute sa vie et sa carrière dans cette ville en plus d’y être engagée au plan social et communautaire. Elle a été présidente de l’organisme local des Big Sisters, a coordonné la campagne de financement du Boys and Girls Club, a été bénévole pour le Thames Valley Children’s Centre, l’Institut national canadien pour les aveugles, l’Orchestre de London, l’Armée du Salut, etc. Mme Matthews détient un doctorat en démographie sociale de l’Université Western.
À l’Assemblée législative, la politicienne de London a occupé, au cours de son premier mandat, des postes d’adjointe parlementaire pour deux ministres. C’est à partir de 2007 que les responsabilités de premier plan se sont enchaînées pour Deb Matthew qui a été depuis ministre déléguée à la Condition féminine, des Services à l’enfance et à la jeunesse, de la Santé et des Soins de longue durée, présidente du Conseil du Trésor et ministre Responsable de la stratégie de réduction de la pauvreté.
Au plan strictement politique, il est déjà connu que Mme Matthews co-présidera la prochaine campagne électorale des Libéraux. Cet engagement ne surprend guère considérant son expérience en la matière, elle qui a occupé les mêmes fonctions lors des élections provinciales de 1995 et de 1987, en plus d’avoir été présidente du Parti libéral de l’Ontario de 2003 à 2006. Mais ce qui est moins connu du public, c’est que la politique, tous partis confondus, a toujours fait partie de la vie familiale de Deb Matthews.
En effet, son père a été président du Parti progressiste-conservateur au fédéral. Ses trois beaux-frères, David, Tim et Jim Peterson, ont été respectivement Premier ministre libéral de l’Ontario, député provincial de Mississauga Sud et ministre du Commerce internationale dans le cabinet de Paul Martin. Le père de ces trois politiciens, Clarence Peterson, milita d’abord au Credit Commonwealth Federation (l’ancien NPD), avant d’être un candidat libéral dans les années 1950-1960. À la même époque, il fut conseiller municipal à London.
Deb Matthews n’est pas la seule à quitter le navire libéral à moins d’un an des élections. Son comté est également le seul détenu par son parti dans le Sud-Ouest. Ainsi, ce sera peut-être sur une note quelque peu amère que s’amorcera sa retraite qui constituera tout de même la fin d’une époque dans le paysage politique ontarien.
PHOTO : Kathleen Wynne aux côtés de Deb Matthews lors d’une annonce économique à London l’année dernière