Ottawa offre de subventionner à 75 pour cent les salaires des employés des PME.
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé, vendredi matin, cette nouvelle mesure d’aide financière pour faire face à la pandémie. La semaine dernière, son gouvernement avait prévu une subvention de 10 pour cent pour ces salaires.
« On vous a entendus », a déclaré M. Trudeau pour expliquer aux entrepreneurs ce changement.
La mesure est rétroactive au 15 mars. Le premier ministre espère qu’elle inspirera les entreprises à rappeler les employés déjà mis à pied.
« Je pense au petit restaurant familial qui est là depuis plusieurs années et qui a les mêmes employés depuis longtemps, qui ont été là pendant les bons moments, les moments plus difficiles. Et maintenant dans un moment de crise, il se retrouve incapable de pouvoir continuer à payer ses employés dans leur moment de besoin », a offert en exemple M. Trudeau.
« Et oui, la prestation canadienne d’urgence (PCU) sera là pour énormément de gens qui en ont besoin, mais quand c’est possible, c’est mieux pour tout le monde qu’on garde ce lien entre employeur et employé », a-t-il ajouté.
Pourtant, il y a quelques jours, lorsque la PCU a été annoncée, le gouvernement fédéral l’a présentée comme un moyen de ne pas briser les liens d’emploi, invitant les entreprises à garder leurs employés mais sans les payer, pendant qu’ils recevraient ces 2000 $ par mois, pendant quatre mois.
Les entrepreneurs avaient continué à réclamer que l’argent fédéral leur soit plutôt versé à eux pour qu’ils le redistribuent à leurs salariés.
Combien cette mesure coûtera-t-elle et combien d’entreprises pourront ou voudront en profiter? « On est en train évidemment de finaliser les détails. On espère pouvoir tout dévoiler pour lundi », a répondu le premier ministre.
Le gouvernement fédéral annonce également l’accès à du crédit pour les entreprises. Les banques pourront offrir des prêts allant jusqu’à 40 000 $, sans intérêt pendant la première année. Et dans certains cas, 10 000 $ de ces prêts n’auront pas à être remboursés.
Bureaux fermés
Les Canadiens se sont cogné le nez à des portes fermées vendredi matin aux bureaux de Service Canada.
Le gouvernement fédéral a annoncé vers 23 heures, jeudi, que les services ne seront plus disponibles que par téléphone et par internet. Son objectif : protéger les fonctionnaires de la pandémie.
La décision a fait hurler au Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC). « Service Canada est un service essentiel : des centaines de milliers de citoyens et de citoyennes ont des questions, ont besoin d’informations concernant leurs dossiers, plusieurs ont besoin d’aide, en personne, pour remplir leurs demandes d’assurance-emploi », s’est insurgé le porte-parole du conseil, Pierre Céré. « C’est une aberration », a-t-il aussi jugé dans un communiqué diffusé vendredi matin.
Ottawa estime plutôt que sa décision touchera peu de chômeurs, étant donné que la majorité des demandes de prestations d’assurance-emploi se faisaient par internet.
Avant que le premier ministre Justin Trudeau n’annonce la nouvelle prestation canadienne d’urgence (PCU), il y avait déjà près d’un million de nouveaux chômeurs qui tentaient de s’inscrire pour recevoir de l’assurance-emploi.
La semaine dernière, on s’inquiétait des longues files d’attente devant ces bureaux de Service Canada, où plusieurs, frustrés du service en ligne qui débordait, avaient décidé de se présenter en personne. Les exigences de distanciation sociale n’étaient évidemment pas respectées dans ces files d’attente.
Nouveaux calculs
Le directeur parlementaire du budget s’est penché sur toutes les annonces d’aide financière faites par le gouvernement fédéral. Son rapport, publié vendredi matin, calcule que le déficit sera de 89,5 milliards $ de plus que prévu. L’exercice budgétaire fédéral de 2020-2021 présenterait donc un déficit d’au moins 112,7 milliards $.
Et puis, dans une autre mise à jour inattendue vendredi matin, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage, à 0,25 pour cent.
Par communiqué, la banque centrale a indiqué que sa décision vise à amortir le choc économique de la propagation de la COVID-19 et de la chute des prix du pétrole.
Rapatriements
Jeudi, plus de 1500 Canadiens ont pu être rapatriés, grâce à des vols organisés par le gouvernement canadien, d’Espagne, du Panama, du Maroc, du Pérou et de l’Équateur. Un troisième vol du Pérou et un deuxième de l’Équateur étaient prévus vendredi.
Un navire de croisière, le MS Maasdam, avec à son bord 280 Canadiens devait accoster à San Diego. Le débarquement du navire dans lequel on n’a signalé aucun cas de la COVID-19 devait se faire vendredi et samedi. Ces Canadiens-là devraient rentrer au pays par des vols commerciaux.
Affaires mondiales Canada a reçu 900 demandes de prêts, dont 152 ont été approuvées, de la part de citoyens coincés à l’étranger et à court de ressources financières. Ottawa offre jusqu’à 5000 $ par prêt.
Nombre de cas
Le dernier bilan canadien est de 4610 cas confirmés ou soupçonnés. On a également compté 53 décès liés à la maladie à COVID-19.
Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux disponibles: 2021 au Québec, dont 18 décès; 993 en Ontario, dont 18 décès; 725 en Colombie-Britannique, dont 14 décès; 486 en Alberta, dont deux décès; 95 en Saskatchewan; 102 à Terre-Neuve-et-Labrador; 90 en Nouvelle-Écosse; 39 au Manitoba, dont un décès; 33 au Nouveau-Brunswick; neuf à l’Île-du-Prince-Édouard; quatre dans deux des trois territoires. On n’a rapporté aucun cas au Nunavut.
Il faut ajouter à ces bilans les 13 cas chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.
Selon les dernières données épidémiologiques récoltées par l’Agence de la santé publique du Canada, 59 pour cent des transmissions du virus sont communautaires et 39 pour cent ont pour source un voyageur.
Jusqu’à ce jour, plus de 158 000 Canadiens se sont soumis à un test de la COVID-19.
SOURCE : Lina Dib, La Presse canadienne