À 77 ans, Claudette Deshaies peut jeter un regard sur sa vie et se dire qu’elle fut bien remplie. Cette résidente de Sarnia originaire du Québec était d’ailleurs l’invitée du Réseau-femmes dans le cadre de l’« Entre nous » mensuel de l’organisme, le 28 septembre dernier.
C’est pour partager ses expériences personnelles mais surtout professionnelles sous l’angle de ses engagements féministes que Mme Deshaies avait été approchée par le Réseau-femmes. Elle a raconté comment l’influence de son père l’avait marquée dans sa jeunesse car il lui avait fait comprendre qu’il était important pour elle de s’affirmer en tant que femme. Mais ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle a réalisé qu’elle pouvait jouer un rôle spécifique dans l’avancement des femmes. Entretemps, elle entreprit une carrière dans le secteur de l’éducation qui, bientôt, devait la mener à Ottawa, où elle avait pour tâche d’enseigner le français aux fonctionnaires.
Ces premiers pas dans la fonction publique fédérale la conduisirent à Vancouver, où elle devait résider pendant de nombreuses années à titre d’agente de programme au Secrétariat d’État. Cette expérience lui a d’abord permis de nouer des liens avec les associations francophones de la Colombie-Britannique et de les aider à se développer. Mais c’est en travaillant, à partir du milieu des années 1980, au Programme de promotion de la femme qu’elle a pris conscience de ne pas seulement endosser de nouvelles responsabilités, mais aussi de participer à un mouvement de société. « J’ai dû me rendre compte que l’étiquette de féministe, je pouvais désormais la porter », a commenté Mme Deshaies en entrevue.
Cette hésitation à se donner un titre lui vient de son scepticisme à l’endroit des idéologies trop rigides. « Mouvement, état d’esprit, prise de conscience, apprentissage, prendre sa place, se faire respecter, respecter les autres et prendre la parole », telle est la façon dont Claudette Deshaies définit sa pratique du féminisme, plus intuitive que théorique et faite de valeur à transmettre. Ces années passées à Vancouver lui ont permis d’apporter une contribution concrète au mieux-être des femmes. Son travail l’amenait à côtoyer des associations représentant les femmes et les problématiques auxquelles elles font face et Mme Deshaies avait entre autres pour tâche d’analyser leurs demandes de subventions et de les proposer à l’échelon bureaucratique supérieur. Puis, un jour, l’heure de la retraite a sonné pour cette militante qui a choisi Sarnia pour y couler des jours tranquilles.
Au cours de sa présentation, Claudette Deshaies a abordé de nombreux sujets et cette rencontre intimiste s’est avérée aussi intéressante qu’émouvante pour les participantes. Le Réseau-femmes organise régulièrement ce type de séances pendant lesquelles le public a la chance de lier connaissance avec une personnalité qui s’est démarquée par sa vie et ses réalisations.
Philippe Thivierge