On devrait envisager de renvoyer tout d’abord au boulot les travailleurs de 50 ans et moins quand les mesures de confinement seront finalement allégées, afin de limiter la propagation du coronavirus et d’éviter d’envoyer une vague de nouvelles infections déferler sur le système de santé, fait valoir une étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Se basant sur l’analyse de données provenant des Pays-Bas, de l’Espagne et de l’Italie, les professeurs Simona Bignami et Ari Van Assche, respectivement de l’Université de Montréal et de HÉC Montréal, expliquent que les nouvelles infections ont principalement été détectées chez les 50-59 ans et chez les 60-69 ans.

Cette situation est possiblement attribuable au fait que c’est aussi chez eux que la maladie cause les symptômes les plus graves, ce qui signifie qu’ils étaient plus susceptibles de se rendre à l’hôpital subir un test de dépistage.

« Parmi les secteurs productifs (de la population), c’est certain que nous pensons que l’âge pourrait être un bon critère pour prioriser non seulement les secteurs, mais aussi les groupes de personnes qui graduellement peuvent rentrer au travail, a dit Mme Bignami.

« Mettre l’accent sur les personnes plus jeunes, au début, pourrait être une bonne façon pour garder la circulation du virus sous contrôle, mais aussi pour éviter qu’il y ait trop de complications, trop d’hospitalisations et potentiellement trop de décès qui (resurgissent) après que le (confinement) soit graduellement levé. »

Les aînés de 70 ans et plus étant les plus vulnérables, ajoute-t-elle, ils devraient être les derniers à réintégrer la société et on devrait mettre en place les services nécessaires pour leur permettre de rester chez eux.

Vecteurs de maladie

Mme Bignami et M. Van Assche ont constaté, dans les trois pays étudiés, que « ce sont les infections chez les 50-59 ans et chez les 60-69 ans qui sont la plus grande partie des nouvelles infections et qui montrent la croissance la plus rapide aussi au fil du temps ».

« Ce sont eux qui font circuler les infections, a mentionné Mme Bignami. La tendance des infections au total a été fortement déterminée par la tendance des nouvelles infections chez les travailleurs, les gens qui quittaient leur maison pour aller travailler dans les services essentiels. »

La gravité des symptômes et la mortalité associées à la maladie étaient aussi plus prononcées dans ces deux groupes d’âge.

« Il y a une morbidité et une mortalité non négligeable chez eux, a-t-elle indiqué. Ce n’est pas comme les gens de moins de 50 ans, ou de moins de 40 ans, qui ont un risque très petit de morbidité ou de mortalité. »

Les gens chez qui le virus ne cause que des symptômes légers éviteront probablement de se rendre à l’hôpital, a poursuivi Mme Bignami, parce que l’hôpital est le pire endroit où on peut aller.

Cela était particulièrement vrai en Espagne et en Italie, où la situation dans les hôpitaux frisait la catastrophe et où on ne se rendait donc qu’en cas de besoin extrême.

« Le fait de remarquer une augmentation continue des infections chez les 50-59 ans et chez les 60-69 ans nous donne une indication que cette infection se diffuse par eux, mais aussi qu’elle a des implications pour leur santé », a conclu Mme Bignami.

SOURCE : Jean-Benoit Legault, La Presse canadienne