Les conseillers scientifiques du gouvernement de l’Ontario affirment que les hôpitaux de la province « ploient » sous le poids de la COVID-19 et que des mesures plus strictes doivent être adoptées de toute urgence pour faire face à la troisième vague.

Le comité d’experts recommande ainsi d’accélérer la vaccination des travailleurs essentiels et de leur offrir des congés de maladie payés. Il recommande aussi de fermer davantage de milieux de travail « non essentiels ». Les conseillers scientifiques soulignent que les hôpitaux sont maintenant au maximum de leur capacité et que ce sont des jeunes gens qui tombent malades, alors que le nombre de cas continue d’atteindre des niveaux records en Ontario.

Mardi, le gouvernement de l’Ontario a encore une fois refusé l’idée d’instaurer des congés de maladie payés pour les travailleurs essentiels et à fermer des entreprises non essentielles. Les progressistes-conservateurs de Doug Ford ont rejeté des motions de l’opposition sur ces deux questions lundi, puis de nouveau mardi. La cheffe néo-démocrate, Andrea Horwath, soutient que c’est l’inaction du gouvernement qui a forcé le médecin-hygiéniste en chef de Peel à émettre lui-même des ordonnances pour protéger les travailleurs.

Le gouvernement Ford a souvent affirmé qu’il ne créerait pas de programme provincial de congés de maladie payés parce qu’il existe déjà un programme fédéral. Le ministre du Travail, Monte McNaughton, a d’ailleurs critiqué mardi Ottawa pour ne pas avoir amélioré le programme fédéral dans son budget présenté lundi.

Le médecin-hygiéniste en chef de l’Ontario, quant à lui, déclarait lundi que le gouvernement provincial pourrait envisager de fermer davantage d’entreprises « non essentielles », tout en soulignant qu’il n’y avait pas de « réponse claire » quant à déterminer ce qui est « essentiel ».

 

Activités extérieures

Les experts ont par ailleurs soutenu mardi que les politiques qui dissuadent les activités en plein air sécuritaires nuiront de manière disproportionnée aux enfants et à ceux qui n’ont pas accès aux espaces verts, en particulier les gens qui vivent dans des logements surpeuplés. Le comité estime ainsi que le gouvernement ontarien ne doit pas imposer de politiques qui nuisent ou négligent les populations racisées, marginalisées et vulnérables.

Cet avis intervient quelques jours après que l’Ontario eut lancé, puis abandonné, l’idée de fermer des terrains de jeux et de renforcer les pouvoirs policiers, en annonçant le prolongement de l’ordonnance de rester à la maison.

On apprenait par ailleurs mardi que les responsables de la santé publique des deux principaux « points chauds » de COVID-19 en Ontario ordonneront la fermeture temporaire des entreprises qui connaissent des éclosions, dans le but de contenir l’augmentation du nombre de cas, alimentée selon eux par la transmission en milieux de travail.

La direction de la santé publique de Toronto et celle de sa banlieue ouest de Peel ont toutes les deux déclaré mardi qu’elles publieraient une nouvelle ordonnance obligeant les entreprises qui ont connu une « grappe » d’au moins cinq cas liés au cours des 14 derniers jours à fermer pendant 10 jours. Pendant cette fermeture, les employés devraient observer une quarantaine.

« Les expositions en milieu de travail dans la région de Peel continuent à alimenter le nombre élevé de cas de COVID-19 dans la région, indiquent des responsables dans un communiqué. Une fermeture accélérée permettra également à la direction régionale de la santé publique de Peel d’enquêter sur les expositions en milieu de travail sans risquer que la transmission se poursuive. »

Les entreprises seraient invitées à fermer dès vendredi dans la région de Peel. Celles qui sont jugées « essentielles » pour le bien-être de la communauté, comme celles offrant des soins de santé ou les « garderies d’urgence », pourraient être exemptées d’une fermeture complète. La direction régionale de Peel exhorte par ailleurs les employeurs touchés à offrir des congés de maladie payés au personnel mis à pied temporairement.

 

Sous la barre des 4000 cas

L’Ontario signalait mardi 3469 cas de COVID-19 et 22 autres décès liés au virus. De ces 3469 nouveaux cas, 1074 étaient recensés à Toronto, 775 dans sa proche banlieue de Peel et 406 dans celle de York.

Les données publiées la semaine dernière ont montré que la région de Peel – qui comprend Brampton, Mississauga et Caledon – affichait le taux de positivité à la COVID-19 le plus élevé, avec 15 %, devant Toronto, en deuxième position, à 11,3 %. La banlieue ouest de Toronto a également enregistré le plus grand nombre de nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants.

L’un des experts en santé publique impliqués dans la préparation des projections pour le gouvernement Ford expliquait l’automne dernier que le virus était plus difficile à contrôler dans des régions comme Brampton, où la proportion de travailleurs des services essentiels est plus importante et où les familles sont plus nombreuses.

Pendant ce temps, les Ontariens âgés de 40 ans et plus sont maintenant admissibles, depuis mardi, au vaccin Oxford-AstraZeneca dans les pharmacies et les cabinets de médecins. L’âge minimum pour recevoir ce vaccin était auparavant de 55 ans, en raison d’un risque légèrement élevé d’un effet secondaire extrêmement rare de caillots sanguins.

La province a annoncé le changement dimanche, après que la ministre fédérale de la Santé eut déclaré que cette décision relevait de la compétence des provinces. Santé Canada avait homologué le vaccin d’AstraZeneca en février pour une utilisation chez les personnes de plus de 18 ans.

 

SOURCE – La Presse canadienne