Au coin des rues Lochiel et Christina Nord, en plein centre-ville de Sarnia, se trouve la galerie d’art Judith & Norman Alix. L’institution est plutôt récente mais la tradition qu’elle porte remonte à il y a près d’un siècle.
En effet, l’idée d’avoir une galerie d’art à Sarnia est née au terme de la Première Guerre mondiale. La Sarnia Women’s Conservation Art Association, dont la fonction avait été jusque-là de recueillir des fonds pour l’effort de guerre, se trouvait alors sans mandat. Norman Gurd, un membre du conseil d’administration de la bibliothèque publique, les approcha alors pour leur proposer de consacrer leurs heures de bénévolat à la collecte d’objets d’art d’origine canadienne afin de les exposer pour le grand public. La première exposition eut lieu en mars 1920 et, pendant plusieurs années, la promotion des beaux-arts à Sarnia a reposé sur le bon vouloir d’un groupe d’amateurs enthousiastes.
Ce n’est qu’en 1955 que la bibliothèque a établi un fond artistique pour poursuivre le travail des pionniers. À partir de 1961, lorsque la bibliothèque actuelle fut ouverte au public, des expositions y furent mises sur pied en permanence jusqu’à ce que l’édifice se révèle impropre à la poursuite de cette activité. En 1994, la collection permanente fut déménagée au centre commercial Bayside. Ce lieu ne constituait pas non plus un endroit idéal et, au cours des années 2000, le besoin d’un meilleur emplacement se fit de plus en plus pressant. L’aménagement de la galerie d’art actuelle commença alors dans un édifice désaffecté et elle ouvrit finalement ses portes en octobre 2012. L’institution porte le nom d’un couple de philanthropes dont le don a rendu le projet possible.
Depuis, la galerie Judith & Norman Alix constitue un des hauts lieux de l’art à Sarnia, non seulement pour les activités à caractère pédagogique et social qui y sont organisées, mais aussi, et surtout, pour les expositions qu’on peut y visiter. Trois sont présentement en montre. Jusqu’au 5 juin, un ensemble disparate d’œuvres se caractérisant par une utilisation élaborée de la couleur font entrer le public dans un univers à la fois spirituel et historique. En effet, mélangeant les genres et les époques, ces peintures ont été sélectionnées en guise d’exemple du pouvoir méditatif de l’art.
Dans un tout autre ordre d’idée, jusqu’au 10 juillet, six grandes toiles de Gary Spearin transportent les visiteurs dans un monde onirique fait de sphères abstraites flottant dans un cosmos peuplé par les rêves. Spearin réside non loin de Sarnia, dans le village de Plympton-Wyoming. Finalement, dans la veine francophone, une installation de Diane Landry, une artiste de Québec, fera réfléchir ses spectateurs par sa thématique universelle. S’appuyant sur le mouvement et la lumière, son œuvre, en montre jusqu’au 24 juillet, se veut un rappel des dangers croissants qui, jour après jour, menacent la plus précieuse des ressources : l’eau.
Voilà donc une galerie d’art qui, pour faire apprécier le vaste horizon rendu possible par l’imaginaire des artistes, n’hésite pas à faire flèche de tout bois.
Photo: Knight of Infinite Resignation de Diane Landry