Le 19 octobre dernier, le Carrefour des aînés du CCRL accueillait Monique Castonguay, directrice de projets spéciaux et une référence en matière d’éducation autochtone au Conseil scolaire catholique Providence. Julie Chalykoff, organisatrice de l’activité, avait invité Mme Castonguay pour que celle-ci offre un atelier de sensibilisation à l’histoire des Premières Nations.
Celui-ci était très imagé et invitait les participants à se mettre dans la peau des Amérindiens et des Métis d’hier à aujourd’hui. En effet, l’atelier était centré sur les différents évènements ayant conduit à leur aliénation politique, économique et culturelle. L’évocation de ces faits, livrés par ordre chronologique, permettait de mieux comprendre les origines des divers problèmes affectant les peuples autochtones.
Dans la cosmogonie amérindienne, l’Amérique du Nord était appelée « l’île de la Tortue ». Pour symboliser ce territoire, Mme Castonguay a mis sur le sol une toile sur laquelle les participants, représentant les Premières Nations, devaient se tenir debout. À chacun était remis un bref texte que le lecteur et l’assistance découvrait lorsque venait le temps de le lire.
Ce sont Mmes Chalykoff et Castonguay qui faisaient la narration générale de l’histoire des Autochtones en commençant par le XVe siècle, époque des premiers contacts d’importance avec les Européens. De temps à autre, un participant était invité à narrer le fait relaté sur le document qui lui avait été remis. Celui-ci concernait la plupart du temps une dépossession, une injustice ou un incident grave ayant causé la mort d’Amérindiens.
Guerres de conquête, épidémies, séparation forcée des enfants des parents, perte de repères culturels, traités territoriaux non respectés, création des réserves, etc. : au fur et à mesure qu’un texte évoquait quelque chose dont la conséquence fut d’entraîner la mort ou la maladie d’un certain nombre d’Autochtones, le lecteur quittait la toile. Un bout de celle-ci était plié si le texte mentionnait une perte territoriale.
À la fin, la toile pliée et roulée maintes fois se réduisait à une petite surface à peine suffisante pour que la seule personne restante puisse s’y tenir debout. Voilà l’illustration des politiques colonialistes et de l’indifférence de la population qui ont prévalu pendant longtemps quant à la question autochtone. Cette démonstration s’est néanmoins conclue sur une note d’espoir avec la mention de diverses initiatives, telles que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 et les excuses officielles du gouvernement canadien en 2008.
Après cet exercice pour le moins particulier, l’assistance s’est rassemblée en cercle pour discuter pendant une trentaine de minutes des impressions laissées par ce qui avait été dit. De l’avis général, cette expérience a servi à rafraîchir la mémoire à propos de l’histoire et à faire mieux comprendre ce que les Autochtones ont vécu. Des commentaires ont été faits quant aux défis à surmonter pour réparer les erreurs du passé.
C’est habituellement pour des réunions du club de lecture que Mme Chalykoff rassemble son monde. C’est dire combien cette activité sortait de l’ordinaire. Avec les livres de la Biblio-franco consacrés à l’univers des Premières Nations, cette activité constituait un pas de plus sur le chemin de la réconciliation, un thème qui ne s’éclipsera pas de sitôt de l’actualité.
PHOTO : La toile posée au sol représentait le territoire réservé aux Autochtones qui se rétrécissait au fur et à mesure qu’étaient évoqués les évènements historiques.