Rien de plus naturel, pour le Musée de London, que d’épater ses visiteurs. Le mois de septembre a vu trois nouvelles expositions faire leur entrée dans cette institution qui sait se renouveler sans cesse.
En ce qui touche aux arts, le musée initie son public à un artiste qui cumule un demi-siècle de carrière. Jusqu’au 10 décembre, des œuvres de Robert Fones sont exposées dans la galerie principale : toiles, dessins, sculptures et installations diverses, intrigantes et inventives, forment le cœur de cet hommage à un pionnier de l’art conceptuel.
Né à London en 1949, c’est dans cette même ville que Robert Fones tient sa première exposition solo 20 ans plus tard. Influencé par le pop art et le dadaïsme, il est aussi un digne représentant de cette vague d’artistes établis à London qui se distinguèrent à partir des années 1960 par leur approche régionaliste. De ses premières armes dans le monde artistique jusqu’à aujourd’hui, il s’est laissé inspirer par les questions relatives au temps, à la technologie et à l’identité géographique et sociale. En 2011, Robert Fones recevait le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques.
L’environnement industriel et commercial du Sud-Ouest ontarien, de même que l’histoire de la région, fournirent tôt à l’artiste un sujet d’exploration. L’exposition en présente un exemple probant avec Butter Models, réalisé en 1979. L’industrie laitière étant un secteur économique d’importance en Ontario, Fones l’a documentée à grand renfort de papiers d’emballage de livres de beurre issus de dizaines de crèmeries. Le résultat relève autant d’un travail de documentation de l’industrie que d’un hommage au dessin publicitaire, un thème récurant du pop art.
L’écriture et la typographie, riches en contexte historique et fortes en style, sont une autre source d’inspiration pour Fones. Les lettres et les mots sont très présents dans son oeuvre et sous diverses formes. D’autres pièces visent à immerger le spectateur dans le moment présent et une situation abstraite, tel que Drops (2007), qui combine photo et éclairage pour créer une ambiance. Une autre approche de prédilection pour Fones est d’utiliser les couleurs ou leur absence (noir et blanc) pour créer un effet.
Robert Fones participera à trois activités au Musée de London en novembre : une séance de questions-réponses avec le public le 16, un atelier artistique le 25 et, le même jour, une visite guidée.
Dans la veine historique, l’exposition Packaging Unpacked explore, jusqu’au 14 janvier, l’univers des emballages et contenants commerciaux. Le thème peut sembler assez terne mais le visiteur y apprendra plusieurs anecdotes intéressantes.
Ainsi, pourquoi parle-t-on de « marque » (ou brand en anglais) pour désigner les entreprises productrices? Parce que pendant longtemps, jusqu’à la fin du XIXe siècle en fait, les produits étaient vendus en gros, souvent en tonneaux qui étaient marqués (branded) du nom du producteur au fer rouge.
Pourquoi les bouteilles de bière sont-elles, la plupart du temps, brunes? Parce qu’elles offrent ainsi une protection contre les rayons ultraviolets du soleil qui autrement altéreraient le goût du précieux liquide.
Parlant de bière, les plus âgés se souviendront des « concombres », surnom comique donné par certains francophones aux bouteilles trapues et sans col qui furent sur le marché jusque dans les années 1980. Sa forme la rendait facile à stocker et à transporter. Cette particularité canadienne céda alors sa place aux bouteilles américaines que l’on connaît aujourd’hui.
Qui dit emballage dit recyclage. Le symbole qui y est mondialement associé, avec ses trois flèches formant un triangle, a été créé par l’Américain Gary Anderson en 1970. À ce chapitre, la conscientisation des consommateurs et des manufacturiers a conduit le Canada à produire 90 % de ses boîtes et sacs de papier à partir de matière recyclée. Avis à ceux qui s’obstinent à jeter leurs contenants de plastique dans les ordures : il leur faudra 450 ans pour se dissoudre dans l’environnement.
Bref, l’emballage commercial relève de considérations aussi bien pratiques que scientifiques et publicitaires. Reflet d’une époque, il vaut une exposition à lui seul.
La troisième exposition revisite, jusqu’au 7 janvier, les récentes acquisitions du Musée de London. Cet échantillon multidisciplinaire offre un beau mélange d’œuvres d’artistes connus et bien établis et d’artistes de la relève. Il permet de saisir la mesure du dynamisme et de l’importance du musée dans la préservation et la promotion des arts dans la région de London.
Le Musée de London est ouvert du mardi au dimanche de midi à 17 h sauf le jeudi où il ferme ses portes à 21 h. L’admission est par donation.
PHOTO : Une murale, oeuvre collective commandée pour souligner le début des travaux du Centre at the Forks, le nouvel espace créatif du Musée de London, accueille présentement les visiteurs.