Les arbres poussent plutôt bien à London, réputée pour ses forêts. Certains plus curieux que d’autres colonisent les talus et les jardins environnant la rue Hamilton et une partie du centre-ville. De magnifiques troncs, plus ou moins récents, ont été sculptés au ciseau à bois et à la tronçonneuse, parfois sur l’emplacement même de l’arbre encore enraciné, parfois montés sur un socle de béton et transportés ici.
Installés par la Hamilton Road Area Business Association pour promouvoir les commerces, ils symbolisent en général les entreprises près desquelles ils sont exposés et sont le fruit du travail de six artistes : Robin Wenzoski, Neil Cox, Ted Hayes, Mike Winia, Nancy Wood et Mary-Ann Jack Bleach. On en compte ainsi une trentaine. La collection vient de s’enrichir d’une nouvelle pièce : le Diversi-Tree, une œuvre de plus de trois mètres, trônant devant le Hamilton Road Seniors’ Centre. Cinq artistes ont travaillé sur cet imposant tronc de noyer plus que centenaire, qui comporte des sculptures de 23 animaux représentant les jeunes, les anciens et les différentes cultures.

Cette exposition à ciel ouvert revêt un réel intérêt artistique et vaut que l’on s’y attarde le temps d’une balade à pied ou à vélo, muni d’une petite carte disponible auprès de l’office de tourisme. Et pourquoi ne pas commencer par le début?
Les ailes et les serres plus vraies que nature agrippés à son destrier, un aigle au bec cassé fait vrombir une moto sur sa roue arrière imaginaire. C’est en bordure du chemin de fer que démarre la rue Hamilton. Quelques mètres plus loin, juché sur le dos d’une tortue, un de ses congénères tourne la tête nonchalamment. Ce pygargue aux proportions étranges ignore-t-il ses visiteurs ou leur indique-t-il la bonne direction?
La promenade se poursuit devant des formes bien humaines cette fois : un pêcheur au numéro 185 et un berger devant la All Saints Anglican Church.

Le règne animal reprend cependant très vite le dessus, alternant humour et réalisme. Casquette vissée sur la tête, un écureuil est à l’étude devant un centre de financement. Serait-il venu recompter ses noisettes placées ici à un taux défiant toute concurrence?
On peut tout aussi bien s’aventurer dans la rue Van pour admirer le buste d’un orignal, avant de retrouver, sur la route principale, un castor prenant des notes à côté d’une enseigne de décoration intérieure, ou une perruche veillant sur le centre vétérinaire. Il faut parfois lever la tête, regarder derrière les panneaux publicitaires et surtout faire attention à la circulation automobile pour découvrir certaines œuvres qui se fondent dans le paysage urbain… jusqu’à un joyeux totem, flanqué aux portes de la bibliothèque publique. Un ours tient en équilibre une pile de livres sur sa tête, tandis que des écureuils tentent malicieusement de le déconcentrer.
Une des sculptures les plus remarquables, tant par sa dimension que par ses détails réalistes, reste certainement celle du carrefour d’Egerton et Hamilton. Une famille de cervidés trône sur un gigantesque tronc bien enraciné sur la pelouse de la Egerton Baptist Church. Une autre œuvre marquante est enfin à découvrir devant Ealing Public School : un aigle sur un nid prenant son envol, une allégorie de l’éducation à contempler sans modération.

Photos : les sculptures Diversi-Tree, Eagle’s Nest et White Tail Deer Family.