Au cours du mois d’avril, les forces de police de London, Woodstock, Strathroy-Caradoc et Stratford mettaient le point final à l’opération Project Equinox dont le mandat était d’enquêter sur le trafic humain. Après six mois d’investigation, ce sont 78 arrestations qui ont été faites et 129 accusations criminelles qui ont été déposées.
Lorsque l’on parle de trafic humain, la prostitution n’est jamais bien loin et ce sont très majoritairement des femmes qui en sont les victimes. Pareille situation est du ressort du Carrefour des femmes, un organisme qui entretient des liens étroits avec la police de London afin de faire connaître ses services à celles qui ont besoin de soutien. C’est d’ailleurs dans la foulée de Project Equinox que le Carrefour a de nouveau approché la police pour lui rappeler l’existence de ses programmes pour les francophones.
Le mercredi 19 avril, une rencontre a eu lieu à ce propos aux bureaux de l’organisme. Christine Weston, une policière du département responsable de la violence conjugale, Annie Bernard, agente de liaison communautaire au Carrefour des femmes, Lauren Krobich, travailleuse sociale aux Services aux victimes de Middlesex-London, Christine Hurtado, agente bilingue de ces mêmes Services aux victimes et Émilie Crakondji, directrice générale du Carrefour, ont discuté de ce qui devrait être fait pour faire un meilleur suivi de chaque cas.
En effet, les services de police vivent dans le feu de l’action et, comme tout le monde, il leur arrive parfois de se perdre dans les dédales de la bureaucratie ou de perdre de vue les ressources existantes. Même les Services aux victimes de Middlesex-London, qui pourtant ont leurs bureaux dans le même édifice que celui de la police, sont parfois oubliés de cette dernière comme l’a relaté Mme Hurtado. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser de temps à autre les divers intervenants de première ligne.
Cela revêt une importance particulière pour les victimes issues de minorités culturelles ou linguistiques qui peuvent être d’autant plus vulnérables qu’elles ne sont pas dans un environnement qui leur est familier. Christine Hurtado a d’ailleurs eu à s’occuper d’une femme rescapée de ce réseau de trafic humain. Celle-ci était une francophone originaire du Nouveau-Brunswick dont Mme Hurtado a reconnu l’accent et lui a offert de discuter en français, au grand soulagement de cette victime. Voilà un bel exemple d’offre active, mais qui illustre que les francophones ne devraient pas avoir accès aux services dans leur langue sur la base du hasard.
Ce type de situation pourrait se reproduire car le sud de l’Ontario est une région propice au trafic humain, avec ses multiples points de contact avec les États-Unis et la présence du corridor achalandé de l’autoroute 401.
Le Carrefour des femmes et les Services aux victimes de Middlesex-London, un organisme gouvernemental, ont également profité de cette rencontre pour renforcer leur collaboration. Une cliente a d’ailleurs été référée depuis au Carrefour par les Services puisque les deux entités n’offrent pas exactement les mêmes types de programme.
Ces discussions s’avèrent utiles à plus d’un égard. Ainsi, les participantes ont pris connaissance du programme Crime Prevention Through Environmental Design offert par la police de London. Cette initiative a pour but de minimiser les possibilités de crime en modifiant l’environnement immédiat de ceux qui pourraient en être les victimes. Les aînés vivant seuls, les femmes ayant souffert de violence conjugale et qui se sont séparées de leur conjoint, les enfants, etc., constituent quelques catégories de gens vulnérables mais tout le monde peut tirer avantage de ce programme. Il suffit simplement d’en faire la demande et un policier rendra visite à la personne ayant fait appel à ce service pour évaluer les changements à apporter à son domicile. Un autre avantage réside dans le fait que c’est un francophone, l’agent Carl Noël, qui est responsable de ce programme et qui effectue les visites.
Ce ne sont pas les services ni la bonne volonté qui manquent pour prévenir le crime ou y remédier. Encore faut-il connaître ce qui est disponible et un rappel en ce sens est toujours le bienvenu, que ce soit entre professionnels ou à l’endroit de la population.

Photo :  de gauche à droite : Christine Weston, Annie Bernard, Lauren Krobich, Christine Hurtado et Émilie Crakondji.