C’est par diverses avenues que sont célébrés, cette année, les 400 ans de présence française en Ontario. Ainsi, les francophones de London s’exprimeront sous peu par le théâtre. Une œuvre, conçue pour et par la communauté, sera présentée devant public en mars prochain et à cette fin, l’équipe à l’origine de ce projet en est présentement à fignoler les derniers détails.
C’est dans les locaux de l’ACFO, à London, que se réunissent chaque jeudi la quinzaine de comédiens amateurs et les bénévoles qui les encadrent. Le choix de ce lieu ne doit rien au hasard. Intitulée Je suis un Ontarien, la pièce fut écrite par Gaston Mabaya, directeur-général de l’ACFO London-Sarnia. Il y a près de dix ans de cela que M. Mabaya coucha ce récit sur papier, essentiellement par plaisir d’écrire, mais 2015 représentait une occasion en or pour réactualiser sa création : « Ça cadre avec le 400e qui a un message fort quant à la place du français en Ontario », dit-il.
Le texte, aux accents comiques, porte sur la situation des francophones en milieu minoritaire : « Ça raconte l’épopée d’un jeune homme originaire d’un pays francophone d’Afrique. Il apprend que le Canada est un pays bilingue et décide de venir s’y établir », explique Gaston Mabaya. Dès son arrivée à l’aéroport, une suite de rencontres l’attend en sol canadien qui lui fera voir que la réalité est quelque peu différente de ce à quoi il s’attendait. London et sa région servent de décor à cette histoire à la fois légère et sagace. Les comédiens sont des étudiants et professeurs de l’Université Western, des écoles secondaires Gabriel-Dumont et Monseigneur-Bruyère, des écoles élémentaires Sainte-Jeanne-d’Arc et Marie-Curie et, de façon générale, de la communauté. M. Mabaya prête son concours à la logistique des répétitions et tient lui-même un rôle dans la pièce. Servanne Woodward, professeur au Département de français de l’Université Western, et Adèle Séguin, enseignante à l’école secondaire Gabriel-Dumont, s’occupent de la mise en scène. Cindy Rosen, également enseignante à Gabriel-Dumont, est quant à elle responsable de la composante musicale de la pièce.
Il reste à la troupe un peu plus d’un mois pour se préparer. Les répétitions vont bon train et, comme c’est souvent le cas dans ce type de circonstance, on s’y amuse gaiement. La plupart n’ont qu’un seul rôle, certains en cumulent deux. Divine Kintashe, qui tient le rôle principal, partage la vedette avec Shannon Kelly, Clare Scriven, Michel-Karl Mfuru, Kate Krougly, Carl-André Potier, Emma-Tyme Mayrand, Donald Hallarem, Elie-Joël Mabaya, David Inkumsah, Jacques Lamarche, Emilie Phive, Dawson Roodzant et Souy-Yeca Sos. Plusieurs autres personnes ou institutions ont été mises à contribution pour les accessoires et le côté technique de la pièce.
Comment fait-on pour monter une telle représentation avec peu de moyens et avec des comédiens dont la grande majorité n’a pas d’expérience sur scène? « J’ai essayé de styliser certaines choses et de transformer la pièce en spectacle plutôt qu’en dialogue », explique Servanne Woodward. La mise en scène sera plus épurée au plan du décor mais il y aura davantage de comédiens sur scène. Ceux-ci travaillent fort pour contrôler leur voix, maîtriser le texte, coordonner leurs répliques avec les émotions justes, etc. Mme Woodward souligne que cette œuvre est à l’image de London, avec ses francophones de souche ou d’adoption, ses francophiles, sa diversité culturelle…
Je suis un Ontarien sera présenté le 6 mars à l’école secondaire catholique Monseigneur-Bruyère, le 7 mars à l’école secondaire Gabriel-Dumont et les 20 et 21 mars au McManus Studio Theatre (The Grand Theatre). Qui plus est, pour ceux qui rateraient cette chance de voir une production locale, une autre occasion leur sera offerte au début de l’été. En effet, une des représentations de la pièce sera filmée et une projection est prévue pour la Journée multiculturelle du 27 juin organisée par l’ACFO au Centre Desloges.
Photo : Des francophones de tous âges et de tous horizons participent à ce projet artistique.