Le fait est connu : le réseau d’écoles de langue française est en croissance tandis que le réseau scolaire anglophone fait du surplace. Entre les deux, une voie médiane : les écoles d’immersion en français qui connaissent elles aussi une popularité grandissante. Ainsi, une nouvelle verra le jour sous peu à London et portera le nom d’une juriste aussi célèbre au Canada qu’à l’étranger. Aménagée dans les locaux de ce qui était la Sir George Ross Secondary School, l’école élémentaire d’immersion Louise Arbour ouvrira ses portes en septembre et pourra accueillir 570 étudiants. 

Née à Montréal en 1947, Louise Arbour obtient un diplôme en droit avec distinction de l’Université de Montréal en 1970. Dès l’année suivante, elle travaille comme clerc auprès du juge Louis-Philippe Pigeon de la Cour suprême du Canada. C’est en Ontario qu’elle fera carrière, notamment en enseignant le droit à l’Osgoode Hall, l’école de droit de l’Université York, de 1974 à 1987. Elle y occupera également le poste d’adjointe au doyen tout en étant vice-présidente de l’Association canadienne des libertés civiles.

En 1987, Mme Arbour est nommée à la Cour suprême de l’Ontario (Haute Cour de justice) et sera ensuite promue à la Cour d’appel de l’Ontario en 1990. C’est en 1996 qu’elle acquière une renommée internationale alors qu’elle accède au poste de procureur en chef du Tribunal pénal international de La Haye, institué par l’Organisation des Nations Unies. Le passage de Mme Arbour à la tête de cette institution est marqué de deux évènements majeurs, soit, dans le dossier rwandais, de la première condamnation pour génocide depuis la Convention de 1948 sur le génocide et, dans le cas du président serbe Slobodan Milosevic, de la première mise en accusation de tous les temps d’un chef d’État européen en fonction pour crime de guerre.

En 1999, le gouvernement du Canada la nomme juge à la Cour suprême, poste qu’elle occupera jusqu’en 2004 alors qu’elle retournera aux affaires internationales en accédant au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Pendant quatre ans, elle fera de l’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables une cause personnelle, n’hésitant pas à se rendre dans les régions les plus pauvres et les zones de tensions pour constater par elle-même l’état des lieux. Mme Arbour s’impliquera ensuite auprès de l’International Crisis Group dont elle deviendra la présidente-directrice générale en juillet 2009. Après cinq années passées à la tête de cet organisme, Mme Arbour quitte ce mois-ci ses fonctions et, pour souligner sa contribution, l’organisme a créé le Fonds Louise Arbour sur les conflits émergents, destiné à la prévention et à la résolution des crises humanitaires.

En choisissant le nom de Louise Arbour pour sa nouvelle école d’immersion, le Thames Valley District School Board rend hommage non seulement à une grande Canadienne mais aussi à une francophone qui a d’abord fait carrière en Ontario avant de faire sa marque sur la scène internationale.