L’Ontario cherche à faire en sorte que davantage d’infirmières formées à l’étranger travaillent dans la province afin d’atténuer les pénuries de personnel qui ont entraîné la fermeture temporaire de salles d’urgence, a déclaré la ministre de la Santé, mais elle n’a pas indiqué qu’elle prévoyait de répondre aux exigences salariales des infirmières.
En entrevue le mardi 2 août à La Presse canadienne, Sylvia Jones a indiqué que le ministère, les fonctionnaires dans le réseau et les gestionnaires des hôpitaux font « tout leur possible » pour essayer de couvrir les quarts de travail afin que les urgences puissent fonctionner, mais elle admet que des fermetures temporaires se produisent encore parfois.
Les plans pour éviter en amont ces situations comprennent l’embauche de plus de travailleurs de la santé, a déclaré la ministre. « C’est, honnêtement, ce que nous avons fait au cours des quatre dernières années, avec des investissements sans précédent pour nous assurer que nous avons suffisamment de travailleurs de la santé pour couvrir ces quarts de travail », a soutenu Mme Jones.
La ministre estime que plus de 10 000 travailleurs de la santé ont été ajoutés depuis le début de la pandémie. Cela comprend 7000 infirmières et 2400 préposés, a déclaré un porte-parole.
Mme Jones a indiqué que le gouvernement mettra en place des « mesures supplémentaires » pour renforcer les capacités du réseau. Elle a spécifiquement souligné l’arriéré de travailleurs de la santé formés à l’étranger qui attendent une certification pour oeuvrer en Ontario.
« Comment pouvons-nous aider, en tant que gouvernement, à nous assurer que toutes les mises à niveau nécessaires ou toutes les évaluations peuvent se produire de manière accélérée. »
Un rapport de 2020 du commissaire à l’équité de l’Ontario révélait que 14 633 infirmières formées à l’étranger tentaient activement d’obtenir un permis par l’intermédiaire de l’Ordre des infirmières de l’Ontario. Cette année-là, un peu plus de 2000 candidates internationales sont devenues membres à part entière de l’Ordre.
« Où était la ministre? »
Les partis d’opposition à Queen’s Park ont critiqué Mme Jones pour ne pas avoir encore tenu de conférence de presse, depuis son assermentation à la Santé en juin, afin d’aborder publiquement la pénurie de main-d’oeuvre.
John Fraser, sur le point d’être nommé chef libéral par intérim, a déclaré ce jour-là que des pénuries de personnel de la santé se produisent partout dans le monde, mais « ce n’est pas une excuse pour que les gens s’en lavent les mains ».
« C’est ce que la ministre semble faire, en s’en lavant simplement les mains, a-t-il estimé. J’ai lu une déclaration de la ministre récemment selon laquelle le gouvernement travaillait de manière proactive avec des partenaires. Je devrais peut-être envoyer un dictionnaire au ministère de la Santé, au ministre et peut-être au cabinet du premier ministre : proactif signifie en fait que vous agissez en prévision de ce qui va arriver. »
Mme Jones a défendu son travail: elle affirme que son rôle au cours des dernières semaines avait été de rencontrer des organisations et des acteurs du secteur qui ont des solutions à proposer.
L’une des principales solutions préconisées par les infirmières est l’abrogation de la loi de 2019 qui plafonne à 1 % par année les augmentations de salaire dans la fonction publique en Ontario. Mais la ministre Jones n’a pas voulu aborder cette question en entrevue : « ce débat devra avoir lieu à un autre moment », a-t-elle dit.
Des associations d’infirmières, des dirigeants d’hôpitaux et d’autres professionnels et défenseurs du réseau public ont soutenu que cette pénurie avait été causée par l’épuisement professionnel de travailleurs qui ont été sur les lignes de front pendant plus de deux ans de pandémie. Ils soutiennent que plusieurs de ces travailleurs, qui s’estiment mal payés, ont quitté la profession, ce qui a provoqué une pénurie de main-d’oeuvre dans les urgences de certains hôpitaux.
Le gouvernement conservateur de Doug Ford a offert aux infirmières une « prime de rétention » de 5000 $ pendant la pandémie, mais ce n’est pas suffisant pour retenir les infirmières, déclare Cathryn Hoy, présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario.
« Les infirmières veulent des augmentations de salaire, pas des primes ponctuelles », a-t-elle dit.
Mme Hoy n’a pas tellement apprécié d’entendre la ministre Jones affirmer que le plan du gouvernement est de faire ce qu’il fait depuis quatre ans. « Je suis vraiment inquiète (…) parce que ça me dit simplement que nous aurons de plus gros problèmes encore sur les bras à l’avenir. »
Source : La Presse canadienne