Née à Ottawa en 1958, Paula Murray a déménagé en 1980 dans la région de l’Outaouais, au Québec, pour y ouvrir son studio de céramique, un art qu’elle pratique avec imagination, puisant dans la nature et dans le corps humain une inspiration qui a fait sa renommée.
Jusqu’au 30 juin, la galerie Jonathon, à London, présente plusieurs œuvres de Mme Murray. C’est le 9 juin en soirée qu’avait lieu le vernissage de cette exposition alors qu’à quelques intersections, à la galerie Satellite, se tenait la cérémonie d’ouverture de l’exposition itinérante Fireworks, une tradition bisannuelle de l’Ontario Clay and Glass Association. Il s’agit d’une occasion, pour l’association, de remettre des prix à des artistes qui se sont distingués par leur travail et Paula Murray était de ceux-là.
La céramique a une longue histoire qui remonte jusqu’à l’Antiquité. Ce médium, comme le démontre les artéfacts mis à jour par l’archéologie et comme le confirment les artistes qui, aujourd’hui encore, travaillent cette matière, a toujours servi à raconter des récits. Ce potentiel narratif exerce un attrait sur Mme Murray : « C’est un matériel de transformation qui peut contenir des histoires », explique-t-elle.
En effet, la céramique est une matière complexe dont la préparation et le maniement lui confèrent des caractéristiques qui varient en fonction des intentions de l’artiste. Dans le cas de Mme Murray, les techniques utilisées et la symbolique ne font souvent qu’un. « Le processus est important pour le sens de mes oeuvres », confie la céramiste. Par exemple, en mélangeant la fibre de verre et la porcelaine, une tension se crée dans le matériel qui illustre en même temps les forces de contradiction dans la nature. « Ce qui est important pour moi, c’est comment on répond au stress dans la vie », poursuit-elle.
Expériences, changements, transformations… Les mutations de toutes sortes inspirent l’artiste et quoi de mieux que la nature pour lui donner à méditer? Même si ses œuvres sont abstraites, en y regardant de plus près, il est aisé de se rendre compte qu’elles regorgent de vie. Certaines présentent des nervures qui, de fait, ne sont ni plus ni moins que des veines. D’autres évoquent des formes familières : par exemple, un thème récurrent est celui du coquillage qui peut également être vu comme une feuille morte s’enroulant sur elle-même.
Au cours des prochains mois, Paula Murray aura l’honneur de participer au projet Canada C3. En cette année du 150e anniversaire de la fédération canadienne, cette initiative permettra à des personnalités de différents milieux (scientifiques, leaders autochtones, historiens, etc.) de monter à bord d’un bateau qui, de la côte atlantique, se rendra à la côte du Pacifique en passant par l’Arctique. Chemin faisant, diverses activités permettront d’approfondir les connaissances collectives et de rapprocher les Canadiens de chaque région du pays. Mme Murray, avec quelques autres, représentera la dimension artistique de ce projet.