Vivre en français à Sarnia n’a pas toujours été facile. Pour y arriver, il a fallu que des leaders francophones prennent l’initiative de fonder un réseau d’organismes et d’institutions. Des bénévoles dynamiques ont ensuite pris la relève, parfois contre vents et marées, pour perpétuer la vitalité de cette francophonie en organisant des activités pour tous les goûts. C’est pour rendre hommage à ces piliers de la communauté de langue française que se tenait, le 5 novembre dernier, une soirée de reconnaissance au Centre communautaire francophone de Sarnia-Lambton.
La salle avait pour cela été décorée avec goût et un repas cinq services attendait la cinquantaine de participants. Préparé par Gaston et Dorothy Croteau, assistés d’Olivier Lacasse, Martin Carrier et Dean Williams, ce banquet a ravi l’assistance par sa variété et sa qualité.
Chaque convive a d’abord vu défiler devant lui une salade, une assiette de fruits, des pâtes et une soupe. Le plat principal était laissé au choix de chacun : rôti de bœuf avec un accompagnement de légumes ou poitrine de poulet avec sauce aux champignons, pommes de terre rôties et légumes grillés. Un dessert couronnait le tout. Tanya Tamilio et Judy Harding assuraient le service aux tables tandis que Darren McCaller était responsable du bar. Côté ambiance, Vic Dupuis a séduit l’assistance avec son saxophone et sa flûte traversière.
Or, il ne s’agissait là que de la première partie de la soirée, la raison d’être de ce rassemblement étant de rendre hommage à des bâtisseurs. Mme Tamilio et M. Croteau ont présenté les cinq francophones dont les noms seront désormais immortalisés au Centre communautaire. En effet, la grande salle multifonction de ce complexe peut être divisée en trois sections qui sont maintenant identifiées aux noms d’Ernest Lajoie, Robert Potvin et Marcel Bourassa. La bibliothèque a été nommée en l’honneur d’Huguette Habel tandis que la salle où se tient des ateliers porte à présent le nom de Patrice Dufour. Les noms ont été gravés sur des plaques qui se trouvent à l’entrée de ces locaux.
Ernest Lajoie
De tous les pionniers honorés, un seul l’était à titre posthume. Né à Notre-Dame-du-Laus, au Québec, Ernest Lajoie avait déjà passé plusieurs années de sa vie à Timmins lorsqu’il décida de déménager à Sarnia, en 1942, pour travailler dans l’industrie pétrochimique, plus précisément à l’usine Polymer. Il fut le deuxième à construire sa maison dans un quartier qui sera connu sous le nom de Bluewater et où résidaient, à cette époque, la plupart des Franco-Ontariens de la ville. M. Lajoie s’est impliqué de plusieurs façons dans la communauté : caisse populaire, magasin coopératif, etc. Son héritage le plus durable réside dans l’école élémentaire Saint-Thomas-d’Aquin et la paroisse du même nom, deux institutions qu’il a grandement contribuées à fonder. Son fils Marcel était présent pour le représenter à la soirée de reconnaissance.
Robert Potvin
Venu également de Timmins, Robert Potvin s’est établi à Sarnia en 1945. Pendant des décennies, il s’est dévoué pour offrir un accès à la culture et aux arts en français, entre autres par le biais du Club Jolliet. Bien connu pour ses talents de chanteur, il s’est aussi impliqué dans la promotion du théâtre amateur et dans l’organisation de maintes activités dont on lui a souvent confié l’animation. M. Potvin a également été à l’oeuvre, au fil des années, pour faire venir de nombreux artistes francophones à
Sarnia.
Marcel Bourassa
Natif de Trois-Rivières, Marcel Bourassa a élu domicile à Sarnia en 1946. Il est rapidement devenu un militant incontournable de la cause francophone, siégeant à plusieurs conseils d’administration (Club St-Jean Bosco, Cercle Ste-Famille, etc.) dont celui du Centre Jolliet qu’il a contribué à fonder. Propriétaire du magasin de chaussures Chez Marcel pendant 40 ans, il est aussi connu des anglophones pour avoir été conseiller municipal et président du Conseil scolaire séparé de Sarnia. Marcel Bourassa a également été décoré de l’Ordre de la Pléiade qu’il arborait d’ailleurs fièrement lors de la
soirée.
Huguette Habel
Huguette Habel a quant à elle jointe la communauté en 1975. Depuis 25 ans, elle s’illustre pour son dévouement envers les femmes de langue française par le biais de son engagement au Réseau-femmes du Sud-Ouest. Mme Habel s’est aussi impliquée activement dans le milieu de l’éducation en étant conseillère scolaire et en instituant les petits déjeuners dans les quatre écoles francophones de la ville. Qui plus est, la création du Centre communautaire francophone doit beaucoup à ses efforts.
Patrice Dufour
Le dernier mais non le moindre, Patrice Dufour, a quitté Chicoutimi, au Québec, pour Sarnia en 1993. Il exerce la profession d’enseignant dans une des écoles francophones et siège au conseil d’administration du Centre Jolliet depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs sous sa présidence que cet organisme a été rescapé d’une situation difficile pour ensuite connaître une période de renouveau et de croissance qui se poursuit aujourd’hui. M. Dufour se dévoue sans compter ses heures pour organiser des activités pour tous.
C’est avec émotion et bonne humeur que s’est déroulé ce témoignage de respect et de gratitude à l’endroit de ces cinq personnalités. Anecdotes et fous rires, et même quelques larmes, ont coloré ces beaux moments qui resteront gravés dans les mémoires.