Le vendredi 13 janvier, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, est venu à l’Université Western pour une séance de questions-réponses. Il s’agissait d’une des étapes de la tournée du premier ministre à travers le pays pour se rapprocher du peuple canadien.
London s’est révélée enthousiaste : l’auditorium de l’université, qui peut accueillir 1800 personnes, était plus que comble et 1500 autres n’ont pu y entrer. Nonobstant le froid mordant, la file d’attente avait commencé deux heures avant l’ouverture des portes.
Joseph Angelini, vétéran de la guerre d’Afghanistan, s’est présenté réduit en quémandeur. Sa voix empreinte d’émotion, il a affirmé ne pas avoir reçu de chèque de pension depuis six mois. Relatant les difficultés qu’il a dû traverser (il devait dépendre de son père pour faire l’épicerie, par exemple), il a conjuré le premier ministre à tenir ses engagements envers ceux qui ont servi le pays.
En réponse, le premier ministre a tout d’abord remercié M. Angelini pour son service militaire. Ensuite, il l’a rassuré en promettant que le gouvernement examinerait de plus près son dossier ainsi que ceux d’autres vétérans.
Les jeunes n’ont pas hésité à poser des questions sur les troubles mentaux. Ce sujet connaît une véritable recrudescence de visibilité chez cette génération, comme en témoigne la Journée Bell Cause pour la cause — le mercredi 25 janvier : pour chaque texte ou appel qui contribue à la conversation sur la santé mentale sur les réseaux sociaux, Bell verse 5 cents à des programmes de santé mentale canadiens.
À son tour, le premier ministre n’a éprouvé aucune gêne pour relater que sa mère avait souffert d’une maladie mentale. Dans les années à venir, le gouvernement promet d’investir 5 milliards $ dans ce secteur. Alors qu’il discourait sur la santé mentale chez les Amérindiens, assurant au public que le gouvernement travaillait assidûment là-dessus, Leslee White-Eye, chef de la nation Chippewas of the Thames, a tenté d’intervenir. Le premier ministre l’a évitée, promettant à la place d’en parler avec elle après la rencontre.
Aux premières loges était assis un réfugié syrien. S’abstenant de toute question, il s’est contenté de remercier Justin Trudeau pour sa politique sur les réfugiés. Le premier ministre l’a remercié pour cette gentillesse, avant d’ajouter que c’est grâce à tous les Canadiens, et non seulement lui, qu’un projet d’une telle envergure que celui de la réinstallation des réfugiés a pu se réaliser.
Un étudiant de Western a posé une question peu orthodoxe : comment devenir politicien? Cette question suit une confusion désopilante : en choisissant la prochaine personne appelée à poser une question, le premier ministre en a désigné une en précisant que l’étudiant portait un chandail Harvard; or, celui-ci affichait les couleurs Western, ce qu’il s’est empressé de faire savoir — le premier ministre a esquivé ce faux-pas en qualifiant Western de « Harvard du Canada », provoquant des rires et des applaudissements du public.
Répondant à la question, M. Trudeau a assuré que les politiciens ne suivent pas une route préétablie : lui, par exemple, était enseignant et participait à des projets environnementaux avant de se lancer en politique. Selon Justin Trudeau, il faut s’impliquer dans ce qui vous passionne et en devenir leader ; une carrière peut s’ensuivre naturellement.
Erin Charpentier est en première année dans le programme d’affaires et de gestion à l’Université Western. Elle vient de Vancouver, où elle a fait ses études secondaires dans un programme d’immersion française. Interrogée sur les raisons pour lesquelles elle a bravé le froid pour voir le premier ministre, elle précise : « Je viens d’avoir 18 ans, alors je pourrai aux prochaines élections. Je pense qu’une démocratie ne peut fonctionner que si les citoyens restent informés de la politique. De plus, je voulais simplement voir le premier ministre en personne! »
Sa curiosité était sans doute partagée par bon nombre de gens dans l’assistance et Justin Trudeau, en cette époque où l’image est reine, n’a pas manqué de profiter de la publicité que génèrent immanquablement ses sorties publiques.
William Tran