Chaque année, le Sunfest, un festival axé sur la musique internationale, fait découvrir à ses visiteurs des artistes d’ici et d’ailleurs. Au parc Victoria, à London, là où se déroule l’évènement, l’une des scènes porte un nom qui ne fait pas mystère des groupes qu’on peut y entendre : Le Village québécois. Le 12 juillet dernier, quatre formations se sont succédé pour entraîner le public dans un voyage aux frontières de la musique traditionnelle et contemporaine.

Inévitablement, un peu de folklore est de mise lorsqu’il est question du répertoire québécois, ou peut-être serait-il plus juste de parler de musique « néo-trad », un filon qui n’a eu de cesse de prendre de l’ampleur depuis le milieu des années 1970. Réactualiser le son d’antan en bonifiant les ensembles musicaux d’instruments inattendus, en fusionnant les genres et en mélangeant les compositions originales avec des reprises de succès n’est pas une invention nouvelle mais a toujours le mérite de garder bien en vie un style qui échappe ainsi aux modes. Raz de Marée, Bon Débarras et Le Bal à l’huile sont trois groupes surfant sur cet attachement pour la musique ancestrale. Sur la scène du Village québécois, ils s’en sont donné à cœur joie au grand plaisir des spectateurs.

Fondé en 1998, Le Bal à l’huile rassemble sept musiciens aux expériences très diverses : Patrick Goulet, Jean Coupal, Olivier Brousseau, Isaël McIntyre, Normand Breton, Paulyn Lacroix et Guy Breton. Les amateurs de musique traditionnelle reconnaîtront peut-être les noms de certains d’entre eux qui cumulent 40 ans de métier. Qui plus est, dans cet univers très fluide qu’est la scène musicale folklorique, les artistes vont souvent d’un groupe à l’autre au cours de leur carrière, ce qui accroît leur audience. De son côté, Raz de Marée se fait connaître depuis 2003 par le dynamisme de ses quatre membres, Sabin Jacques, Stuart Kenney, Rachel Aucoin et Éric Favreau. Par leur musique, tous incarnent sur scène leurs origines et le Québec, l’Acadie et la Nouvelle-Angleterre se trouvent ainsi unis au son des instruments. Quant à la formation Bon Débarras, c’est en 2009 qu’elle accède à la renommée grâce à sa nomination au gala des prix de l’ADISQ pour son premier album. Dominic Desrochers, Cédric Dind-Lavoie et Jean-François Dumas rassemblent leurs talents pour faire parcourir l’Amérique francophone à leurs auditeurs.

Des quatre groupes invités pour animer la scène du Village québécois, un seul se spécialisait dans un répertoire autre que traditionnel : Saltarello. C’est une expérience toute autre, presque indescriptible, que les membres de la formation proposent à leur public, un véritable voyage dans le temps et l’espace. Pendant 15 ans, Luc Lafrenière et Julie Pomerleau, un couple originaire de l’Abitibi, ont donné tantôt dans la musique inspirée du Moyen Âge, tantôt dans les rythmes rappelant l’Afrique noire et souvent dans les mélodies aux accents nordiques et celtiques, leurs muses de prédilection. Le duo se fait accompagner sur scène et dans son processus de création par d’autres musiciens et chanteurs afin de donner naissance à une ambiance éthérée, aérienne et parfois surréelle, bref, un style inimitable.

À chaque Sunfest, son Village québécois. L’édition 2015 n’a pas déçu et a contribué encore une fois à faire connaître la musique d’expression française.